Vers l’entreprise de demain

entreprise de demainStratégie d'entreprise

Publié le 18 avril 2023

A quoi ressemble l'entreprise de demain ? Si vous pouviez dresser son portrait, qu'est-ce que ça donnerait ? C'est ce que l'on a demandé à nos experts et expertes. Un épisode plus qu'inspirant sur l'avenir de l'entreprise. Qui n'est pas si lointain que ça finalement.

Enquêtes éthiques d'Hippocampe
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Vers l’entreprise de demain - [Focus entreprise de demain - épisode 8]
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Après avoir creusé et exploré plusieurs dimensions de l’entreprise dans cette série, on fait le point dans cet épisode.

On répond à la grande question de notre enquête : à quoi ressemble l’entreprise de demain ?

Autant sur des sujets de management, de gestion d’équipe, que de communication et de RSE.

C’était d’ailleurs la question préférée de nos experts et expertes. Qui se sont prêtés au jeu avec brio.

Vous le verrez, le profil de l’entreprise de demain ressort assez nettement. Et il y a de quoi vous inspirer dans votre activité professionnelle.

Pour cet épisode, nous avons donc reçu à l’antenne :

 

 

Bonne écoute ou bonne lecture avec la retranscription ci-dessous !

 

Plan :

Retranscription épisode 8 : Vers l’entreprise de demain

  1. Introduction
  2. Nouveaux modèles de communication et d’influence : vers la communication positive
  3. Nouveaux modèles de management : vers l’entreprise libérée
  4. Nouveaux modèles de collaboration : vers un réseau d’entreprises
  5. Nouveaux modèles économiques : vers l’entreprise responsable
  6. Conclusion

 


 


Retranscription épisode 8 : Vers l’entreprise de demain

Introduction

Lili [00:00:20] Nous revoilà parties avec une nouvelle enquête. Après l’inclusion et l’accessibilité numérique et le numérique écoresponsable, on s’intéresse maintenant à l’entreprise de demain.

Si on devait brosser le portrait de l’entreprise de demain, à quoi est-ce qu’elle ressemblerait ? En interne comme depuis l’extérieur.

Pour y parvenir, on s’est penchées sur les sujets de gouvernance, de management et de communication.

  • Comment l’entreprise de demain s’organise ?
  • Comment les équipes sont-elles gérées ?
  • Comment se comportent les leaders et les managers (et manageuses) ?
  • Comment est-ce qu’elle communique avec toutes ses parties prenantes ?

Bref, plein de questions intéressantes que l’on a posées à des experts et expertes de ces différents domaines.

Dans cette série, on a rassemblé une grande diversité de profils passionnants et engagés. Une valeur ajoutée énorme pour aborder l’entreprise de demain sous différents angles.

Et puis ça nous motive énormément de pouvoir partager nos découvertes et, qui sait vous inspirer à faire évoluer vos pratiques professionnelles. L’entreprise de demain est bien plus proche de nous qu’on ne le croit.

En fait, elle existe déjà, mais on ne vous en dit pas plus. Vous le découvrirez dans cette enquête.

 

Lili [00:02:02] Dans cet épisode, on tente de dresser le portrait de l’entreprise de demain à travers quatre dimensions : la communication externe, le management, le mode d’organisation et le modèle économique.

On a confié cette mission à Camille Le Guilloux, coach et formatrice en marketing responsable et growth marketing. Fondatrice de l’agence Kerezenn.

Andrea Catellani, professeur en sémiotique et analyse de la communication à l’université de Louvain.

Gaël Chatelain Berry, chroniqueur, écrivain, conférencier, influenceur LinkedIn et créateur des podcasts Happy Work et Happy Love.

Jeanne Deplus créatrice et animatrice du podcast TAF, LinkedIn Top Voice 2022, spécialiste de la transformation managériale et l’acquisition de lead.

Coline Didier, co-fondatrice de Social Déclics, un réseau pour les freelances engagés.

Et enfin Cyril Masselot, enseignant chercheur en sciences de l’information et de la communication. Vous êtes prêts et prêtes à remettre en question le modèle de l’entreprise classique ?

Alors, on vous propose de plonger ensemble dans cet épisode vers le modèle de l’entreprise de demain.

 

Nouveaux modèles de communication et d’influence : vers la communication positive

Lili [00:03:07] On commence avec la communication des entreprises. On s’est demandé à quoi allait ressembler la communication professionnelle dans quelques années.

Aujourd’hui, on assiste déjà à une belle évolution des pratiques vers plus d’éthique, ce qui nous fait très plaisir et nous rend optimiste quant au futur de la communication.

Mais on se demande tout de même jusqu’où ces évolutions vont-elles aller ?

On a donc invité Andrea à nous partager les ingrédients qu’il juge indispensables pour la communication des entreprises de demain.

 

Lili [00:03:35] Est-ce que tu peux nous donner un peu la recette magique, entre guillemets, de l’entreprise de demain en termes de communication et de discours?

 

Andrea [00:03:43] Alors comment répondre à cette question ? Évidemment, je n’ai pas de recette magique. Je comprends que la question est comme ça une provocation mais,, sans doute, je pense, en pensant à comment répondre à cette question, aux acquis de recherches qui avaient été faites aux Etats Unis déjà il y a longtemps, dans les années 1980 sur les relations publiques excellentes.

Donc, comment, quel modèle pour des relations publiques ?

À l’époque on parlait beaucoup de relations publiques, ce qui est toujours le cas d’ailleurs dans le monde anglo saxon et anglophone. En tout cas, comment rendre les relations publiques excellentes ?

Alors, parmi les points, il y avait effectivement l’aspect de l’éthique. Et puis l’aspect, par exemple, de l’intégration des minorités, de la diversité dans l’entreprise, évidemment l’égalité entre les sexes. Mais on parlait aussi de la bidirectionnalité et de la symétrie de la communication.

C’est à dire une forme de communication qui devrait tendre à prendre en compte la parole des parties prenantes, donc écouter, être dans l’écoute en forme d’écoute.

Et aussi quelque chose qui dépasse la simple écoute, mais qui devient une forme d’adaptation aux exigences des parties prenantes. Donc prendre en compte réellement dans la politique de l’entreprise, les intérêts des parties prenantes. Donc une réelle forme de responsabilités au sens de « répondre » pour reprendre l’étymologie de l’expression « responsabilité » qui vient du latin. Donc on ne change pas seulement le discours et quelques petites pratiques marginales, mais on change vraiment les choses de l’entreprise, de la l’identité de l’entreprise.

On la fait bouger pour entrer dans cette transition qui parfois est un peu difficile à définir, mais qui est nécessaire en tout cas.

Ça, c’est un objectif, un idéal, donc une communication qui soit bidirectionnelle et symétrique dans le sens de prendre en compte les exigences de la société, des parties prenantes le plus possible. Donc une communication aussi qui soit à long terme, donc qui ne soit pas dans le coup par coup, dans le court termisme.

En communication slow, on parle de « slow public relations » parfois, certains auteurs comme Thierry Libaert ont parlé de ça, ou communication donc, qui construit petit à petit une relation dans le temps avec ses publics fondés sur la qualité, sur la responsabilité.

Une communication prudente et humble donc par rapport aux acquis, par rapport aux pratiques, par exemple concernant l’environnement, la protection de l’environnement pour éviter justement les accusations de greenwashing.

Parce que le washing est à la base surtout une accusation adressée aux entreprises, une critique. Et donc communication prudente, humble, bidirectionnelle. Communication qui reste créative, qui cherche des formes de créativité dans ce contexte nouveau de l’anthropocène.

Alors, je dirais bien regarder les choses dans l’ensemble. Donc on voit que la communication en principe importante mais semble que la communication n’est pas une activité hors sol. Donc c’était le célèbre penseur Bruno Latour qui est décédé récemment, qui disait que « il faut atterrir ».

C’était un peu une expression qu’il utilisait dans certaines publications récentes. Et là, notre société doit atterrir, c’est à dire se rendre compte qu’elle a des bases écologiques, naturelles, et cetera. Donc la communication aussi doit atterrir, doit être un lien avec son environnement humain et autre qu’humain, donc naturel. Elle a une responsabilité parce que les actions de communication changent la réalité. Donc si on soutient une entreprise et ses agissements, on a un effet sur les personnes, sur les biens et les êtres vivants, et cetera.

Et donc, pour résumer avec une phrase qui je tire de Spiderman, excusez moi la référence, un peu de culture, voilà, que nous partageons tous « un grand pouvoir implique une grande responsabilité ». Ça, ça pourrait être mon petit mot de la fin.

 

Lili [00:07:47] On ne pouvait pas mieux dire. Les communicants et communicantes ont effectivement une grande responsabilité. Informer et sensibiliser pour encourager les actions positives de notre société. C’est une véritable prise de position et un engagement auquel on ne pourra pas échapper demain. C’est en tout cas ce que l on pense chez Hippocampe.

Et c’est aussi l’avis que partage Camille, qui voit la communication comme un outil d’éducation pour inviter les gens à changer de comportement de consommation. Démarche essentielle pour se diriger vers une société plus durable.

Lili [00:08:19] Si tu devais nous donner les trois ingrédients pour cette recette magique pour devenir l’entreprise de demain, ce serait quoi?

 

Camille [00:08:28] Déjà on va commencer par la base. Il y a, même si je trouve que en France, on est assez avancés quand même sur ces sujets de RSE, il y a pas mal de choses qui bougent par rapport à d’autres pays en tout cas. Je pense que la première étape avant tout, c’est déjà s’informer.

Parce que même si on est un peu avancé, la RSE, tout ce qui est marketing, communication, responsable, ça reste encore des notions qui peuvent être un petit peu floues pour certaines personnes. Et donc voilà, il faut essayer de s’informer, d’aller chercher des référentiels, des articles qui parlent de toutes ces thématiques là.

C’est ce que j’ai fait quand j’ai voulu m’intéresser justement à ces thématiques là. Parce que justement, je me retrouvais pas complètement alignée entre ma vie perso et ma vie professionnelle. Là, je me suis dit  « Mais est ce que faire du marketing responsable, concrètement, c’est possible ? »

Et donc, du coup, j’ai fouillé, j’ai essayé de chercher des alternatives à des outils, une manière de faire différente. Et en fait, en fouillant un petit peu, on se rend compte qu’il y a quand même pas mal de contenus qui sont disponibles sur ce sujet là, même si des fois ce n’est pas hyper accessible, et il faut un peu chercher dans les méandres d’Internet et dans les livres.

Mais ça existe, il y a des livres qui peuvent, qui peuvent être super intéressants à lire, il y a des articles de blog et même des entreprises, tu vois qui sont vraiment spécialisées dans la RSE, qui ont des articles ou qui ont des podcasts, qui parlent un peu de ces sujets là.

Donc déjà s’informer parce que voilà quand on connait pas un sujet ça sert à rien de commencer à agir. Donc on s’informe.

Et si je dois aussi conseiller, tu vois, en plus de lire, se renseigner, c’est éventuellement participer à une fresque du climat ou à un atelier 2 Tonnes. Ça reste des notions qui sont assez génériques, vraiment focus sur l’environnement, mais c’est, je trouve, un super début pour justement arriver à comprendre tous ces enjeux environnementaux et sociaux. Et en fait, c’est des ateliers qui sont assez ludiques et qui sont très pédagogiques. Bon, ça te prend une petite partie de ta journée, ça dure à peu près 3 h, mais c’est vraiment bien.

Parce que au moins, on se sensibilise à ce sujet là et c’est plus facile derrière de prendre conscience de tous ces enjeux là dans son quotidien. Et après, c’est beaucoup plus facile de trouver comment je dois agir et dans ma vie perso et dans ma vie pro.

Donc c’est des ateliers qui sont accessibles à tous. Il y en a quasiment tous les jours partout en France et que ce soit en ligne ou en présentiel. Et en fait, vous êtes avec un groupe de plusieurs personnes et ça montre vraiment qu’on peut faire des actions individuelles, qu’on peut faire des actions collectives, que évidemment les entreprises peuvent s’engager parce que c’est plus facile aussi pour elles de mettre en place des choses, par exemple pour faire bouger tout un pays et le gouvernement, et cetera.

Ca peut être très long à se mettre en place, c’est une grosse machine. Mais les entreprises derrière elles ont parfois plus d’agilité, plus de moyens. Et du coup, c’est un peu plus facile. Donc il faut s’informer, il faut se sensibiliser. Donc fresque du climat, atelier 2 Tonnes, je le recommande à 1 000 % Et après un autre conseil qui va être un peu plus psychologique, qui est peut être moins dans l’action, c’est : ne vous arrêtez pas à la complexité des choses.

Oui, il y a une énorme montagne devant nous. Il y a peut être beaucoup de travail. Parfois, on peut se sentir un peu dépassé, mais à un moment donné, il faut y aller et on va y aller au fur et à mesure. Et c’est comme ça que ça va bouger. C’est comme ça que ça va avancer.

Donc il faut être transparent sur sa transition. Mais c’est toutes les actions qui vont être individuelles et collectives, qui vont avoir de l’impact au fur et à mesure. C’est pour ça qu’il faut s’informer et se sensibiliser pour arriver, après, à entraîner tout le monde à ce que tout le monde comprenne bien les enjeux. Donc c’est plus facile de motiver toutes les parties prenantes et de passer à l’action derrière tout ça quoi.

Et après, alors, hasard du calendrier, mais j’ai regardé hier soir une émission de Cash Investigation qui parlait justement pas mal de greenwashing.

Et il y a une phrase qu’un  intervenants qui est Sylvain Engerrand, qui est coordinateur des campagnes de l’association Canopée, qui a dit une phrase que je trouve très, très juste justement pour les entreprises de demain et un conseil que lui donne lui-même à des entreprises et à ses étudiants, c’est : « comment aujourd’hui je peux faire que dans mon business, je vais réduire au maximum l’utilisation des ressources naturelles et de l’énergie. » Donc en gros, se dire mon objectif mon principe de base, ça va être de tout faire pour limiter et réduire au maximum l’utilisation des ressources naturelles et de l’énergie.

Et donc déjà, on aura fait un grand pas. Et il disait surtout ça parce qu’il y a beaucoup d’entreprises qui se cachent derrière le fait de compenser ses émissions de gaz à effet de serre. Sauf que compenser, ce devrait être la dernière des actions à faire. Déjà on va commencer par limiter et réduire, et c’est pour ça qu’après on peut aussi avancer derrière.

 

Nouveaux modèles de management : vers l’entreprise libérée

Lili [00:13:50] Finalement, on se rend compte que la communication des entreprises de demain, c’est avant tout une question de bon sens. Un bon sens que l’on développe en s’éduquant et en se formant aux pratiques de communication plus responsables.

C’est quand même plus facile d’agir quand on comprend l’impact de ses actions.

C’est justement à cela que sert cette série de podcasts. Et si vous souhaitez aller encore plus loin, on a créé une initiation à la communication responsable. Vous pouvez nous contacter sur les réseaux sociaux ou via notre site pour en savoir plus et qu’on vous aide à améliorer vos pratiques. Vous pouvez retrouver le lien en description.

Après avoir abordé la communication des entreprises, on vous propose de plonger en plein dans son cœur. L’humain.

Vous l’avez deviné, on s’attaque au management. À quoi va ressembler le management des entreprises de demain, notamment dans ce monde en pleine évolution, avec des attentes grandissantes niveau flexibilité, horizontalité, autonomie ou encore bien-être professionnel.

Des attentes qui démontrent un grand changement dans notre rapport au travail et qui poussent les entreprises à réinventer leur manière de gérer leurs équipes.

Avec Gaël, on a fait le point sur ces évolutions et leurs implications managériales. Place à l’interview.

 

Marine [00:15:03] Je ne sais pas s’il y avait une définition de l’entreprise de demain, tu lui donnerais quoi?

 

Gaël [00:15:07] Flexible, voilà l’entreprise de demain, elle sera flexible, elle s’adaptera aux besoins de chacun et chacune en fonction de ses périodes de vie, en fonction de ses aspirations.

Moi maintenant, j’ai quel âge déjà, 52 ans. J’ai clairement pas les mêmes aspirations que quand j’en avais 26. Et ce n’est pas que je suis plus mature ou quoi que ce soit. Je suis juste différent.

 

Marine [00:15:32] Quelle est, selon toi, la recette magique de l’entreprise de demain?

 

Gaël [00:15:35] Ça rejoint la question que tu m’as posée juste avant. Je dirais que c’est la flexibilité, c’est le fait de de se dire « Il faut que je sois prête à m’adapter totalement à chaque personne ». Et la recette magique, elle est là. Et autant ça va être simple pour des petites boites.

Si t’es une boîte de 30 personnes, mettre en place la flexibilité ou la semaine de quatre jours, c’est facile. Par contre, mettre la semaine de quatre jours en place dans une boîte de 30 000 personnes, c’est pas la même.

Revenons au fondamental et le fondamental d’une entreprise, ce sont les gens.

Donc, tant que les gens n’iront pas bien, on pourra faire ce qu’on veut. Mais ce qu’on veut, déménager dans des locaux de ouf, faire des politiques de RSE de ouf, faire de l’entreprise libérée de ouf. Tant qu’on s’assure pas qu’il n’y a aucun manager qui maltraite son équipe, bah ça servira à rien.

 

Marine [00:16:25] On est complètement d’accord. Est ce que tu aurais un dernier mot à ajouter, je ne sais pas, quelque chose sur lequel tu voudrais t’exprimer, qu’on ne t’as pas laissé faire pendant tout le podcast.

 

Gaël [00:16:37] Oui parce que vous avez été très méchantes avec moi.

 

Marine [00:16:37] Oui on a été terribles, franchement.

 

Gaël [00:16:39] Ben oui c’est ce que je vois, c’est terrible. Est-ce que j’ai quelque chose à dire en plus? Bah, je suis très optimiste honnêtement.

Moi, tu sais quand on parle d’environnement, la génération de mes parents et moi-même, on a un peu honte de ce qu’on laisse à nos enfants. Ben sur le monde de l’entreprise, je suis plutôt assez fier de ce qu’on est en train de laisser parce que, mine de rien, les changements radicaux et les gens qui dirigent les entreprises aujourd’hui sont plutôt des gens de ma génération.

Je parle des grandes entreprises, moi je suis plutôt spécialisé dans les grandes entreprises. Et je trouve que ça prend une bonne direction en ce moment.

 

Nouveaux modèles de collaboration : vers un réseau d’entreprises

Lili [00:17:17] Nous aussi, on est très optimistes, surtout après cet échange. On ne sait pas pour vous mais de notre côté, Gaël nous a donné la pêche et l’envie de nous investir encore plus dans notre mission : jouer notre rôle dans la responsabilisation des entreprises.

Pour continuer sur notre lancée, on laisse la parole à Jeanne. Elle nous a partagé deux axes concernant le futur du travail et elle nous a expliqué leurs implications pour l’entreprise de demain côté RH et management.

 

Jeanne [00:17:47] Alors côté RH, je pense que un des grands défis actuellement, c’est de donner envie aux talents et notamment aux jeunes générations, qu’ils ont du mal à recruter, notamment sur des compétences précises, digitales ou technologiques, et cetera de rejoindre leurs entreprises.

Et ça, je pense que c’est vraiment un gros enjeu et qui n’est pas encore assez traité par les entreprises. Et pour ça, je pense qu’il faudrait vraiment que les entreprises qui veulent se transformer rencontrent plus les jeunes qui arrivent sur le monde du travail ou qui viennent d’entrer sur le monde du travail puisque c’est eux qui vont constituer la force de travail de demain, ces prochaines décennies. Donc je pense que des fois il y a une trop grande projection.

On est dans des, vraiment, des fois, un décalage, je pense de génération quand même, je trouve dans peut-être l’état d’esprit qui existe dans certaines entreprises et ce que les jeunes expriment aujourd’hui.

Et du coup, peut être des services ou des entreprises qui peuvent avoir tendance à projeter ce qu’ils imaginent des attentes des jeunes générations, mais des fois sans vraiment les comprendre, des fois en étant un peu critiques sur ces attentes.

Par exemple, le fait de ne pas accepter, moins accepter en tout cas certains dysfonctionnements de l’entreprise ou choses qui ne sont pas pragmatiques, et cetera. Alors qu’elles auraient tout intérêt à aller vraiment les interroger et passer du temps avec elles pour ne pas projeter mais vraiment être connectées et essayer de mieux les comprendre comme ça en étant avec elles. Donc ça, je pense que ce serait très important, pour cet enjeu là, d’attirer et de retenir des talents dans les entreprises pour celles qui ont du mal.

Après un enjeu plus global, je pense que c’est vraiment répondre à l’attente globale de plus de flexibilité. Que ça soit dans l’organisation du travail, le lieu de travail, le temps de travail. C’est un désir qui a été très accentué par la crise du Covid, je pense, vu que les gens ont pu tester plus de flexibilité de façon forcée.

Alors certes, il y a eu des problématiques, il y a des gens qui n’aiment pas cette flexibilité, et cetera Mais il y en a quand même beaucoup qui ont trouvé les avantages à ça et qui aujourd’hui aspirent à une organisation un peu plus flexible, dans laquelle on fait confiance, dans laquelle ils sont responsabilisés sur leurs tâches.

Et du coup, je pense qu’il y a ce vrai enjeu de flexibilité et de ne pas… De l’accompagner pareil, de transformer vraiment. C’est à dire que d’accorder du télétravail, ça demande probablement de changer la manière dont on va manager parce que manager à distance, c’est pas pareil.

Donc il faut organiser peut-être d’autres petits moments à plusieurs. Ce n’est pas non plus pareil. Et pour éviter que flexibilité, notamment du lieu de travail, rime avec décrochage et désengagement, parce que ça peut arriver aussi quand les gens viennent moins dans les entreprises il y a des managers qui observent ça, il y a un désengagement puisque les gens viennent moins.

Pour éviter ça, par contre, ça demande d accompagner cette plus grande flexibilité avec une transformation des pratiques de travail.

 

Marine [00:21:15] Alors il y a une expression qui est très tendance en ce moment, c’est le « future of work ». Est ce que tu peux nous en parler un peu plus s’il te plaît?

 

Jeanne [00:21:22] Moi le « future of work », alors ça veut dire plein de choses et je pense que pour tout le monde, ça ne veut pas dire la même chose. Mais selon moi, c’est une expression qui ramène à deux axes différents.

Le premier il date quand même de bah maintenant bien 10, 20 ans, voire ouais 25 ans qui est la transformation des métiers, notamment avec la technologie et du coup le fait que les transformations qui s’accélèrent engendrent des compétences qui vont changer aussi.

Les besoins en compétences changent dans les entreprises et surtout on a du mal à avoir un regard clair, voire pas du tout de regard sur les compétences dont les entreprises vont avoir besoin dans 10, 20 ans.

Toutes les études qui sont faites à chaque fois nous disent « On sait pas quels seront les métiers dans 20 ans, même dans dix ans. » Donc ça, c’est un aspect du future of work, cette transformation des métiers et ça engendre tout un tas de réflexions RH sur les compétences qui sont les plus recherchées aujourd’hui.

Est ce qu’on va se concentrer sur les compétences métier ou sur les compétences comportementales ?

Par exemple, le fait de savoir apprendre, d’être agile, d’être à l’aise avec le changement, d’être à l’aise avec le fait de changer de job assez vite, de se former sur autre chose. Tout ça, c’est des compétences comportementales qui deviennent essentielles. Même si, bien sûr, pour certains métiers, on ne peut pas du tout passer outre les compétences techniques.

C’est assez évident, mais pour tous les jobs qui sont plutôt faciles à apprendre, il y en a beaucoup (tous les métiers de support), c’est des compétences qui s’apprennent. Les compétences techniques métiers s’apprennent facilement assez facilement et on peut changer assez facilement de job.

Là dessus, on voit que du coup, les compétences qui vont être vraiment cruciales pour les boites, ça va plutôt être des soft skills que des hard skills. En tout cas a priori, puisqu’on ne sait pas vraiment quels seront les métiers de demain dans ces jobs là.

Voilà et l’autre axe qui pour moi est représentatif du future of work c’est la prise de conscience progressive depuis une quinzaine d’années, des dégâts que peut faire l’entreprise sur les collaborateurs en termes de santé physique et mentale et des choses qui sont faites dans ce sens là, notamment les études sur les augmentations du burn out, et cetera. Et qui est, cet enjeu là qui est devenu un réel enjeu avec le développement de la QVT, et cetera.

Quand on a enfin pu mesurer l’impact de ce mal être au travail, notamment sur la performance des entreprises, parce que, du coup, c’est devenu un enjeu crucial puisque quand ça a un coût, quand on peut mesurer, par exemple, les coûts cachés de mauvaises méthodes de gestion des RH ou de management, le coût de l’absentéisme par exemple, les liens entre le bien être des collaborateurs et leur productivité.

Du coup, ça incite vraiment le passage à l’action et la transformation des entreprises. Et du coup la grande question qui vient là, c’est comment on fait bouger ces entreprises dans le futur ?

Les entreprises, elles, doivent être mieux adaptées au fonctionnement de l’être humain. Elles doivent arrêter de générer du burn out. Elles doivent arrêter de générer des souffrances physiques. Elles doivent être mieux, elles doivent mieux inclure tous les types de profils en termes d’origine, de genre, neurodiversité, et cetera.

On a de plus en plus d’informations sur tout ça et donc du coup, l’entreprise de demain, elle, doit vraiment intégrer toutes ces dimensions là. Donc selon moi, c’est ça le deuxième axe, un peu du future of work lié vraiment au bien être, à l’épanouissement des gens et à leur santé mentale, notamment.

Parce qu’au-delà du bien être, c’est vraiment d’être bien et de ne pas souffrir au travail.

 

Marine [00:25:06] Alors toi, comment est ce que tu envisages l’entreprise de demain ?

 

Jeanne [00:25:11] Ben moi, j’ai plein d’idées pour l’entreprise de demain. Mais d’abord, je dirais qu’elle doit être plus flexible. Ça revient à ce qu’on se disait avant.

Mais déjà, qu’il s’agisse du lieu, des horaires, pour moi, l’entreprise de demain et c’est déjà le cas dans pas mal d’entreprises, mais pas la majorité, elle aura un rapport au temps qui est basé vraiment sur l’efficacité, le bon sens, le pragmatisme plutôt que le présentéisme ou le nombre d’heures passées sur une tâche qui n’a plus de sens et qui va de moins en moins en avoir, je pense.

Pour moi, l’entreprise de demain, elle devra mélanger différents statuts et réussir à engager tous les profils.

Quand je dis statut de CDI, freelance, intérimaires, et cetera et réussir à engager tous ces profils vers un but commun et que le freelance ne soit pas un simple prestataire parce qu’il y en a de plus en plus et que ça va continuer d’augmenter.

Donc si on n’arrive pas à les intégrer, à les engager vraiment aussi sur les missions pour lesquelles on travaille avec eux, ça risque de poser un problème aussi. L’entreprise de demain, elle, devra être transparente, je pense. J’aimerais bien, dans le sens où il doit y avoir une transparence sur le maximum d’informations possible, avec beaucoup plus de communication en interne sur les décisions qui sont prises, le sens de ces décisions pour que chacun au fait comprenne bien.

Aujourd’hui, on parle beaucoup de manque de sens, de perte de sens dans les organisations et c’est notamment ce qui génère des burn out, et cetera Et je pense que ce manque de sens il est lié en partie à un manque d’information sur le pourquoi des décisions qui sont prises et le pourquoi l’entreprise se transforme, pourquoi on décide de mener une transformation managériale, par exemple, pourquoi on décide de mener une transformation digitale…

Le pourquoi ? Il y a plein plein de choses à expliquer les décisions, souvent, elles sont prises avec des vraies raisons, mais elles ne sont pas assez expliquées à tout le monde et de la bonne manière. Et expliquer aussi bien l’impact de chacun sur la mission finale de l’entreprise.

Donc ça, je pense que la transparence et la communication interne, ça doit prendre une grande place dans l’entreprise de demain, plus grande qu’aujourd’hui. Et aussi, je dirais qu’au niveau des prises de décisions, l’entreprise de demain, elles peuvent être individuelles ou collectives, mais il faudrait réduire la hiérarchie qu’il y a au sein, dans les relations en revanche.

Parce que, comme je parlais de feedback, par exemple, cette relation hiérarchique dans les relations entre collègues, et cetera, ça, ça freine la communication, ça freine les échanges, ça freine les partages de ressentis, d’émotions qui peuvent être, qui peuvent générer du coup des blocages, des dysfonctionnements dans un service, dans une équipe, et cetera.

Une absence de hiérarchie dans les relations aussi dans le sens de vraiment considérer tout le monde d’égal à égal. Et je pense que l’on a une culture, très très paternaliste dans le travail où il y a le père qui donne des indications. Et ça va dans les deux sens.

Du coup, le salarié attend l’entreprise plein de choses, comme le fait qu’elle s’occupe de son bonheur, par exemple.

C’est un gros débat ça.

Mais enfin, ce n’est pas à l’entreprise, a priori, de s’occuper de ton bonheur. L’entreprise, elle, est là pour apporter des conditions de travail qui te permettent de bien faire ton travail en bonne santé, de ne pas dégrader ta santé mentale et psychologique, de le faire en étant bien et épanoui. Mais elle n’est pas responsable de ton bonheur ou autre.

Donc il y  une espèce de truc comme ça en France, en tout cas très paternaliste et qui induit des relations du coup après entre les gens qui sont très hiérarchisées et avec du coup quelque chose qui n’est pas du tout naturel dans le, voilà, je ne vais pas me sentir à l’aise de parler à telle personne et ça, je pense que pour l’entreprise de demain, il faudrait abolir progressivement, arrêter avec ces pratiques.

Et que vraiment, quand on dit oui, imagine le dirigeant en maillot de bain pour te sentir à l’aise si tu lui parles, ben oui, imagine-le en maillot de bain. Mais ne pas se sentir inférieur par son niveau dans l’entreprise, par son poste dans l’entreprise et que chacun puisse discuter vraiment d’égal à égal, quel que soit son statut, son poste ou son métier.

Moi, ça me paraît vraiment essentiel d’arriver sur cette horizontalité des gens, des statuts, en considérant tout le monde comme un humain qui peut faire des erreurs, qui peut avoir des émotions, et que tout le monde assume cet aspect là, humain de lui même.

 

Marine [00:29:53] Et est ce que tu aurais une petite recette magique pour l’entreprise de demain, justement ?

 

Jeanne [00:29:59] Alors c’est compliqué d’avoir une recette magique, je trouve, car ça dépend beaucoup de la culture que le dirigeant va insuffler dans son entreprise. Mais si je devais décrire en tout cas un mot peut être, qui doit pour moi être le maître mot de l’entreprise de demain, ce serait l’audace.

C’est à dire de prendre davantage de risques qu’aujourd’hui, l’audace ou le courage. Mais prendre davantage de risques avec des transformations plus radicales que ce qui est fait depuis quinze ans.

Il y a beaucoup de choses qui sont faites, mais ça va lentement, alors c’est aussi lié à la taille et à la structure même des entreprises. Mais je pense que ça vaut le coup, en fait, de tester des choses plus radicales tout en mesurant les risques, bien sûr, pour s’assurer de ne pas mettre en danger l’entreprise, c’est pas l’idée.

Mais je pense qu’il y a des entreprises qui mériteraient de réfléchir à ce qu’elles peuvent investir, quels risques financiers elles sont prêtes à prendre pour réellement passer à un autre modèle ou pour au moins transformer le modèle sur un pilier du futur du travail, une attente ou un besoin.

Mais je pense que pour accélérer et développer des entreprises et pour qu’elles répondent aux enjeux actuels, il faut plus de courage et plus d’audace.

 

Lili [00:31:25] Sacré programme pour l’entreprise de demain, n’est ce pas ? Son modèle managérial semble tendre vers plus de liberté, plus d’autonomie, de responsabilisation, de flexibilité, mais aussi de proximité humaine, même dans un contexte de plus en plus digitalisé.

Nous, en tout cas, c’est un modèle qui nous parle. Et vous, vous en pensez quoi? N’hésitez pas à nous partager vos avis sur nos réseaux sociaux. On sera ravies d’échanger sur le sujet. On vous propose maintenant de passer à l’organisation structurelle de l’entreprise de demain.

On pense sincèrement que l’entreprise de demain sortira de ses frontières classiques pour s’organiser en réseau. Peut être que l’on ne parlera même plus d’entreprises mais de réseaux avec un modèle de collaboration au lieu du modèle de compétition duquel on est aujourd’hui doucement en train de sortir.

On a demandé à Jeanne ce qu’elle en pensait. Avec elle, on a parlé de l’entreprise étendue et on s’est demandé si ce modèle pouvait devenir la norme de demain.

 

Jeanne [00:32:24] Moi, je pense qu’il y a de grandes chances, en tous cas que beaucoup d’entreprises, en tout cas, se transforment en entreprises étendues et que toutes les entreprises ont intérêt à envisager en tout cas leur entreprise comme effectivement un mélange comme plus large que simplement les salariés et les actionnaires.

Mais comme vraiment prendre en compte tous les statuts qui se développent de plus en plus comme les statuts indépendants, les partenaires, et cetera. Et ça va être essentiel parce que le nombre d’indépendants augmente.

On ne va pas aller sur le terrain des bénéfices de collaborer avec les freelance, etc C’est un sujet en soi. Mais évidemment il y a plein, en plus, de bénéfices pour les entreprises à collaborer avec des freelance parce qu’elles font rentrer, parce que les freelance ont une façon de travailler qui est plus… Tout ce qu’on parle dans le futur du travail.

Le freelance est plus déjà sur ce mode là que sur la flexibilité, le travail sur objectifs. Tout ce dont on parle en freelance, tu le vis souvent déjà. Donc travailler avec des freelances peut être un très bon moyen d accélérer sa transformation quand t’es une entreprise.

Et du coup, les entreprises qui veulent se transformer ont tout intérêt à collaborer et à intégrer les freelance et les partenaires.

Mais je suis plus en veille sur le sujet des freelance à leurs processus et à leur entreprise d’une certaine façon, c’est à dire onboarder ces personnes là avec un onboarding digne de ce nom qui est conçu vraiment pour eux et qui permet de les intégrer, de leur faire comprendre vraiment la mission de l’entreprise, qu’ils se sentent bien dans l’entreprise, qui comprennent vraiment à quoi ils contribuent, et cetera comme un collaborateur le serait presque.

Ce qui est intéressant aussi, et ça me rappelle un podecast que j’ai enregistré avec Claire Bonenfant, qui est la directrice de SThree France, qui, elle, a beaucoup développé de pratiques de l’entreprise étendue et est très convaincue par son modèle.

Et eux, ils ont carrément développé, par exemple en off boarding freelance qui consiste en fait à l’arrêt, à la fin d’une mission avec un freelance, à vraiment faire un entretien avec lui pour avoir tous ses retours, que ce soit sur la façon de collaborer, que ce soit sur l’entreprise, de lui poser des questions aussi, s’enrichir en fait de son expérience pour nourrir l’entreprise.

Et ça paraît évident en fait, que tous ces profils là, ils ont plein de choses parce qu’en plus, ils sont différents des personnes qui sont en interne et donc peut être plus, plus tous dans la même culture d’entreprise.

Les freelance ils viennent, ils partent, ils s’enrichissent de différentes expériences, différentes boîtes donc ils ont forcément plein de choses à apprendre et à transmettre dans une boîte.

Donc eux, ils ont vraiment conçu un offboarding avec plein de moyens et de garder un bon contact avec ces freelance pour les garder et pouvoir continuer de collaborer avec eux sur des missions qui matchent, et eux, ben récupérer, avoir le maximum de bénéfices aussi de ces choses là pour se transformer plus vite et pour adapter leurs pratiques, et cetera.

Et donc ça, je trouve ça hyper intéressant comme façon d’envisager sa transformation d’entreprise. Ils sont hyper en avance sur plein de choses comme ça c’est très intéressant. Allez, écouter, Claire Bonenfant, passionnant.

 

Marine [00:35:51] Alors là, tu parles de collaborer avec des freelance. Moi, je me demande si c’est aussi possible d’étendre ce modèle de collaboration à d’autres entreprises.

C’est à dire que tu sors des barrières classiques de l’entreprise pour l’étendre à une organisation en réseau, finalement avec d’autres entreprises.

 

Jeanne [00:36:09] Oui, carrément. Oui, moi, je suis convaincue que collaborer avec l’externe, c’est une source de toute façon d’enrichissement énorme tout le temps. Et c’est peut être, tu vois, quand t’en parles là, ça me fait penser que c’est peut être aussi ce qui peut manquer des fois dans les entreprises.

Et ce qui peut pour des profils et notamment chez les jeunes générations qui switchent assez vite et qui ont envie de renouveau, d’apprendre d’autres choses. Alors eux ils ont pas, enfin, en tout cas, moi j’observe qu’il y a une peur du changement qui est vraiment très limitée.

Ils sont plutôt au contraire avec une envie de bouger vite, de tester de nouvelles choses, et cetera Là dessus, une entreprise qui, qui va être un peu seule et rester seule, aura peut être moins d’atouts pour un profil comme ça qu’une entreprise qui peut être amenée à collaborer avec des entreprises et dans lesquelles tu vas travailler aussi très régulièrement avec d’autres cultures, d’autres entreprises, d’autres pratiques, et cetera.

Même pour ton employabilité après, pour rester le plus employable possible et rester vraiment compétitif sur ton job, de pouvoir être en lien avec plein de boites différentes dans ton travail, c’est hyper hyper enrichissant. Je pense que oui ça se fait.

Ça me fait penser à certaines boites qui mettent en réseau comme ça et qui font régulièrement des espèces de webinaires entre eux, mais des trucs privés entre eux, entre dirigeants enfin tous les directeurs clients de grosses boites de la téléphonie par exemple. Et ils réfléchissent entre eux à leurs bonnes pratiques, à ce qu’ils font, à ce qu’ils mettent en place.

Et évidemment c’est top de pouvoir partager ça et je pense que c’est essentiel, même pour se développer. Oui, pour innover, pour se développer c’est essentiel effectivement de partager et de pas rester dans son coin avec ses convictions et ses idées tout seul.

 

Lili [00:38:02] Si vous collaborez vous aussi avec des partenaires ou que vous êtes freelance, il y a définitivement de bonnes pratiques à noter et même à garder en tête pour vos prochaines expériences.

Pour illustrer encore un peu plus cette notion d entreprise étendue ou de modèle de collaboration, on a invité Coline à l’antenne. On l’a interrogée sur le réseau de freelance engagé qu’elle a monté : Social Declik.

 

Lili [00:38:28] Est-ce que maintenant tu peux nous parler un peu de Social Declik ? En quoi ça consiste exactement comme forme de réseau et pourquoi t’as lancé ce beau projet?

 

Coline [00:38:37] Social Declik, ça part vraiment, l’idée part vraiment de mes amis, de nos amis, donc j’ai cofondé ça avec Charlotte. Autour de nous on avait des gens qui avaient entre cinq et dix ans d’expérience, qui s’étaient lancés en freelance après une activité salariée pour une meilleure gestion de leur temps, plus de liberté, pouvoir choisir leurs clients.

Et dans ce lancement de freelance, il manquait encore quelque chose. Ils étaient heureux, ils avaient trouvé cette liberté, mais il leur manquait encore un peu quelque chose. Et il s’avère que ce quelque chose c’était ce sentiment, enfin cette envie d’impact et cette envie d’utilité.

Et du coup, on a monté ce projet pour vraiment, au départ, aider nos amis freelance à trouver des missions dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. Ils avaient aucune difficulté à trouver des missions en tant que développeur dans le secteur financier, bancaire par exemple. Mais dès qu’il s’agissait de trouver des missions dans le secteur de l’économie sociale et solidaire auprès d’associations, c’était beaucoup plus difficile.

Donc c’est pour ça qu’on a, enfin, c’est comme ça qu’on a lancé ce projet en voulant aider ces freelance là. Et de l’autre côté, les structures de l’économie sociale et solidaire ont un fort besoin de digitalisation, que ce soit sur du développement mais aussi du marketing digital.

Elles ont besoin d’être accompagnées par des experts sur ces sujets, les experts du numérique.

Et donc on a voulu aussi aider ces structures là à trouver des freelances engagés. Et donc notre projet, c’est de créer le lien, faire le lien entre le secteur de l’économie sociale et solidaire et les freelance du numérique.

Et du coup, comment on fait ça, c’est avec notre expérience Social Declik, qui se compose d’un programme d’accompagnement pour les freelance pour développer leur activité dans ce secteur là, pour comprendre ces secteurs là, pour définir leur notion d’impact.

Savoir comment aborder ces structures là. Et à côté du programme, une communauté, un collectif de freelance où on partage les valeurs, où on co-construit des choses ensemble et on met en lien ces freelance là avec des acteurs de l’ESS et de l’impact.

 

Lili [00:40:26] Tu le disais autour de toi, t’as constaté que beaucoup de gens se mettaient à leur compte. C’est d’ailleurs un fait, de plus en plus de personnes se mettent à leur compte. Et à ton avis, qu’est ce qui motive les gens à devenir leur propre boss et se lancer dans l’entrepreneuriat ?

 

Coline [00:40:38] Alors, la réponse systématique des personnes qu’on croise, à qui on demande pourquoi tu t’es lancé en freelance, enfin quasi systématique, elle est de deux choses : l’envie de liberté dans sa gestion du temps et l’envie de choisir ses clients.

C’est vraiment les deux motivations premières qui font que les gens se mettent en freelance. En tout cas, ce que nous on cotoie. Et d’ailleurs ça a été validé par des études. C’est vraiment dans cette liberté de temps, c’est pas du tout forcément travailler moins, enfin pas forcément, en tout cas il y en a oui.

Mais c’est plus d’être beaucoup plus flexible dans sa gestion de son temps, de se sentir plus libre dans cette gestion du temps. Et sur le choix des clients, souvent, ben nous, forcément, ce qu’on croit, ça va aussi avec cette envie d’impact. Mais au delà de choisir forcément les clients, impact ou pas, c’est dans le choix des clients, c’est choisir les relations humaines qu’on a envie d’avoir, les collaborations qu’on a envie d’avoir.

Vouloir travailler avec des entreprises qui partagent nos valeurs, qui travaillent de la même manière que nous. Donc ça aussi, c’est aussi une motivation, le choix des clients.

 

Lili [00:41:40] Tu évoques l’humain. Est ce que tu as constaté des évolutions dans les relations entre les freelance et les entreprises dans ce sens justement ?

 

Coline [00:41:47] Alors oui, effectivement, j’ai constaté des évolutions. Ce que je constate, alors nous, on est beaucoup sur le secteur de l’économie sociale et solidaire. Donc je vais parler de ce prisme là. Mais on a aussi échangé avec pas mal de cabinets de conseil. C’est qu’il y a une difficulté de recrutement. Donc c’est assez général je crois, sur tout secteur.

Une difficulté de recrutement et du coup une ouverture d’esprit sur le fait de éventuellement travailler avec des free lance parce que de l’autre côté il y a de plus en plus de gens qui ont envie de se mettre en freelance, et du coup on a constaté que aujourd’hui c’est plus, enfin, autrefois c’était peut être vu les freelance comme on a besoin d’un prestataire, en général c’était très technique. Souvent sur des métiers du développement justement.

On a besoin de prestataires spécifiques sur un projet donc on va faire appel à des freelance.

Aujourd’hui, ça peut être sur différents types de métiers. On voit de plus en plus de métiers supports, comme des fonctions RH, de comptabilité qui se mettent aussi en indépendant. Et donc l’idée de travailler avec des freelance c’est d’être beaucoup plus flexible dans la collaboration, de se dire que nous, on a travaillé, on a envie de travailler avec un individu qui soit en freelance, en CDD, en CDI ça change pas forcément la relation, ça ne change pas forcément l’envie de travailler ensemble et d’avoir un projet commun.

Un freelance, il peut être vraiment impliqué dans une structure. Il peut avoir envie de contribuer à l’évolution de la structure sans être forcément en CDI avec plusieurs missions en parallèle. Donc effectivement, côté entreprise, on a vu en fait une ouverture d’esprit sur l’envie de travailler avec des freelance.

C’est vrai qu’historiquement en plus le freelance pouvait être un peu antinomique avec l’économie sociale solidaire parce que l’une des valeurs fortes de l’économie sociale et solidaire, c’était la pérennisation des emplois. Et donc le freelance pouvait être vu un peu comme un métier précaire.

Mais vu que nous, alors bien sûr, ça dépend du type d’indépendance.

Mais nous, on s’adresse à des freelances qui le font vraiment par choix, pas parce qu’ils trouvent pas de CDI par ailleurs. Et donc il y a aussi une ouverture d’esprit côté structures de l’ESS à travailler avec des freelance qui le font vraiment par choix et du coup à s’ouvrir à d’autres types de collaborations.

Et ce qui est intéressant dans cette collaboration là, c’est que ça permet de résoudre un peu la problématique budget et expertise que peuvent avoir certaines structures à impact parce que prendre un freelance, ça peut du coup être plus flexible dans le budget.

Ça peut parfois coûter moins cher que prendre quelqu’un en CDI si on le prend juste sur un temps court et en même temps ça peut permettre d’avoir une certaine expertise, une certaine séniorité pour avancer dans ses projets.

 

Lili [00:44:09] Maintenant on va s’intéresser un peu plus, faire un focus sur le modèle économique des entreprises étant donné que tu baignes pas mal dans, même complètement, dans l’univers de l’ESS.

On voit qu’on est en train de passer un peu de la compétition à la coopération, ce qui est pas plus mal selon nous.

Du coup, qu’est ce que tu en penses, Coline ? Et qu’est ce que tu recommanderais aux entreprises qui veulent se lancer dans cette démarche de réseau avec des partenaires plutôt que des concurrents ?

 

Coline [00:44:37] Eh ben du coup, c’est marrant parce que nous c’est un modèle qu’on a choisi pour Social Declik assez naturellement.

On s’est tout de suite rapproché en lançant le projet de personnes qui faisaient un peu la même chose, de semblant concurrent, en se disant qu’on pourrait vraiment s’apporter que de toute façon, les enjeux sociaux et environnementaux étaient présents et le défi d essayer d’y répondre était grand.

Et donc il fallait faire ça à plusieurs dans cette démarche d’avoir envie d’avoir de l’impact. Je trouve que c’est hyper fort de faire appel à la coopération plutôt que de se voir comme concurrents.

En tout cas, nous, on l’a fait de manière assez naturelle au début, en se disant que ça nous ressemblait et que on sentait faire comme ça. Et en fait, ce qui est intéressant, c’est qu’on a eu un un assez bon accueil. Tout de suite, les gens nous ont ouvert les portes pour échanger. On s’est jamais senti rejetés ou regardés différemment.

Déjà, je trouve que ma propre expérience qu’on a fait assez naturellement, nous a validé le fait qu’en fait, en coopérant, on peut vraiment aller plus loin, avancer, co-construire. Construire aussi son activité, son projet, en fonction aussi des autres. Voir où est ce qu’il y a vraiment un chaînon manquant et pas juste essayer de faire quelque chose alors que des gens le font déjà. Donc il y a cette idée là.

Moi je crois beaucoup à ce modèle là. Je crois aussi beaucoup dans cette idée de mon entreprise de demain elle est stable et durable et elle n’est pas forcément en hyper croissance, avec une rentabilité forcément extrêmement poussée.

Je crois du coup qu’il y a de la place pour plein d’entreprises stables, durables, avec un chiffre d’affaires raisonnable qui convient en tout cas pas forcément avec une envie de toujours faire beaucoup plus. Donc moi, je crois beaucoup à ça et du coup de coopérer ensemble, de travailler ensemble avec des petites structures qui sont d’ailleurs pas forcément des grosses boîtes parfois, mais qui peuvent être des petites coopératives, des SAS.

Nous, on n’est que deux sur notre projet on travaille avec beaucoup de freelance. On a vocation à rester que deux ou pas beaucoup plus en tout cas.

Toutes ces typologies d’entreprises qui n’ont pas forcément vocation à ce qu’il y ait une entreprise qui prenne le marché sur tous, peuvent en fait travailler ensemble et prendre ensemble, on va dire le marché et nous dans notre cas, répondre enfin, essayer en tout cas d’avoir de l’impact et de travailler, de réfléchir sur les enjeux sociaux et environnementaux.

Donc j’avoue que c’est quelque chose auquel je crois beaucoup. Et puis tu me disais peut être qu’est ce que je pourrais recommander ? C’est honnêtement de ne pas avoir peur. En tout cas, nous, on fait toujours preuve de transparence.

On n’a pas du tout peur de partager nos chiffres parce qu’en fait, on a plutôt une envie de faire bien ce qu’on fait. On a plutôt une envie d’avoir de l’impact dans ce qu’on fait plutôt qu’une envie de regarder ce que font les autres et d’essayer de faire pareil et de prendre, voilà la place.

Donc finalement, c’est d’être plus centré sur son objectif, sur son impact à soi et ne pas avoir peur des autres. Parce que, en fait, on peut aussi s’entraider.

Nous, on collabore avec d’autres collectifs de freelances engagés. Donc sur certaines choses, on est exactement concurrents. Mais comme on ne l’est pas sur tous nos services et bien sur le service sur lesquels on ne l’est pas, et ben on va échanger, on va partager, on va travailler ensemble et ça se fait assez, assez naturellement, en toute transparence.

Et je trouve ça plutôt sain, en tout cas, nous, on est hyper à l’aise avec avec ce format là.

 

Lili [00:47:48] Super. Moi, ce que ça m’évoque, c’est que c’est une vision beaucoup plus long terme. Tu parles de stabilité et de durabilité.

Plutôt que de viser juste straight to the top avec une croissance complètement exponentielle et tout exploser, c’est plus une vision long terme pour pérenniser un peu cette vision non ?

 

Coline [00:48:09] Oui exactement. C’est effectivement voir ça plus dans la dans le long terme, dans la durabilité. C’est vrai que nous on accompagne aussi beaucoup de freelance qui sont finalement des indépendants qui construisent leur activité.

On a envie de les accompagner sur quelque chose de stable, de durable dans le temps et pas forcément à vouloir aller trop vite, trop loin. Alors je veux dire c’est pas forcément un chemin facile, mais effectivement, il y a cette notion de durabilité. Et ce que je trouve intéressant dans cette idée de coopération de petites structures qui travaillent ensemble.

C’est que du coup, beaucoup plus facilement, on peut rebondir, on peut retravailler avec quelqu’un d’autre, on peut éventuellement collaborer et se regrouper ensemble. Je trouve que ça permet plus des collaborations, un peu comme un gros noyau, enfin, plein de petits noyaux interconnectés qui forment justement, un gros noyau.

Donc ensemble, on est plus durables et après chacun s’ajuste en fonction. Donc je vois ça effectivement comme quelque chose de plus perein, de plus, et de plus long terme.

 

Lili [00:49:11] Dans les exemples que tu donnes, comme avec ce Social Declik, vous êtes principalement intéressés aux free et aux personnes individuelles.

Est ce que tu penses que c’est un modèle qui peut aussi s’adapter à de plus grandes structures ou qui est réservé aux petites agences, aux petites boites et aux petites activités professionnelles?

 

Coline [00:49:28] Je pense que ça peut s’adapter à plusieurs types de structures. Nous, par exemple, on collabore avec des cabinets de conseil qui accompagnent par exemple sur le secteur public.

On travaille avec eux en partenaires, en réseau pour les aider à trouver des ressources quand il n’y en a pas, quand ils en ont besoin, quand ils n’en ont pas en interne.

Donc moi, je pense que ça peut, ça peut vraiment se faire avec différents types de niveau d’entreprise. Et ce qui est intéressant, c’est que nous, on a des freelances dans notre communauté qui sont vraiment indépendants, qui travaillent seuls.

On a des freelance qui sont en format un peu agence et qui travaillent en petits collectifs partenaires avec d’autres structures.

On a des freelances qui sont en fait plusieurs freelance et qui sont montés en coopérative. Donc quel que soit le nombre, quel que soit le statut, quel que soit, oui, quelle que soit l’envie, on peut travailler ensemble, on peut collaborer, on peut fédérer autour de projets.

Il y a de la place pour tout le monde finalement.

Ce qu’il faut, c’est trouver la bonne cible qui te correspond et qui correspond à tes valeurs. Et c’est pour ça que nous aussi, on fait beaucoup ce travail, d’inviter le freelance à donner sa définition de l’impact parce qu’on pense que c’est très subjectif et c’est pas juste vouloir travailler pour une association.

Et si chacun est très au clair, sur quel enjeux il a envie de, enfin, à quel enjeux il a envie de mettre sa pierre à l’édifice ? Quel enjeux l’anime vraiment ? Quel type de structure il a envie d’accompagner ? Et bien du coup, ça peut aussi se répartir.

Et tout le monde ne va pas aller sur les mêmes enjeux. Chacun a ses sensibilités, chacun a ses valeurs, chacun a ses envies d’impact. Et si tout le monde réfléchit à sa propre vision, eh bien, chacun va aller vers une entreprise qui le correspond et c’est peut être pas celle du voisin. Et c’est là aussi où finalement la concurrence, elle, n’a pas lieu.

Nous, on a des idées, dans notre communauté, on a plusieurs développeurs qui font exactement le même métier. Il n’y a pas forcément de concurrence directe. Ça dépend de leur envie, ça dépend de leur disponibilité.

Ça dépend de plein de choses. Et si jamais ils sont en même temps sur un projet, parfois ils vont collaborer ensemble. Donc voilà, c’est vraiment l’idée.

Effectivement, quelle que soit la taille de la structure, quelle que soit même, j’allais dire l’ancienneté de la structure, on peut travailler ensemble. Nous, on a été pas bien accueilli par des structures qui existent depuis quatre ou cinq ans. J’ai changé avec Hippocampe vous existez depuis très longtemps. Donc moi je crois que ce n’est pas forcément restreint à une typologie d’acteurs.

 

Lili [00:51:44] Et c’est tant mieux. Du coup, est ce que tu peux nous donner par la même occasion ta définition de l’impact puisque effectivement, chacun a un peu sa vision de l’impact qu’il peut avoir dans sa vie professionnelle ?

 

Coline [00:51:58] Oui et ben du coup, ma définition de l’impact, elle va un peu ressembler à la définition, je pense, de l’entreprise de demain, ce qui fait sens.

Moi, ma vision de l’impact, ou en tout cas, comment on peut avoir de l’impact aujourd’hui dans son métier ? C’est justement que l’objectif dans ta démarche premier n’est pas d’une rentabilité financière.

Ton objectif premier est de résoudre un des enjeux sociaux, environnementaux. D’aider en tout cas à résoudre ces enjeux là, d’avoir un impact positif sur la société et l’environnement et de faire ça de manière durable et avec un modèle économique viable et rentable. J’associe bien les deux.

Ça ne veut pas dire qu’il faut forcément avoir un modèle associatif ou ça ne veut pas dire qu’on ne gagne pas d’argent, mais le modèle économique est le soutien pour répondre à un objectif, pour avoir un impact positif et n’est pas le centre même, n’est pas le centre premier de la structure.

Et donc pour moi, c’est ça avoir de l’impact.

C’est à partir du moment où on se pose la question dans sa démarche de qu’est ce qu’on veut faire ? Et ensuite le modèle économique et enfin, voilà, la façon de gagner de l’argent et le soutien est en second plan.

 

Lili [00:53:08] Selon toi, c’est quoi les trois ingrédients qui pourraient être considérés comme la recette magique de l’entreprise de demain ?

 

Coline [00:53:16] Alors je vais répondre un peu par une pirouette. Déjà, je pense qu’il n’y a pas de recette magique. En tout cas, pour l’entreprise de demain par laquelle je l’entends, moi, c’est à dire celle qui va essayer de résoudre les enjeux sociaux, environnementaux. Parce que si il y en avait une, je pense qu’on irait tous là dedans. Et on se poserait pas de question.

Aujourd’hui, c’est un peu plus, pour moi, il n’y a pas de solution, il n’y a pas de solution miracle à comment transformer notre économie pour que ce soit une économie qui soit en phase avec le défi de ce siècle là des enjeux sociaux, environnementaux.

En revanche, les trois ingrédients pour essayer, pour essayer d’aller vers l’entreprise de demain et de faire une transition, de se lancer du bon pied. Je dirais que le premier, c’est vraiment se poser la question de ce qu’on a envie de faire et de sa définition de l’impact.

Je reviens un peu à ce que je disais au début. Mais se poser la question de la démarche et justement de ce qu’on pense être la solution pour essayer de répondre à ces enjeux là. Ça, c’est la première, peut être le premier ingrédient.

Le deuxième ingrédient, ça serait de faire le premier pas, de le faire, de se lancer, de ne pas se restreindre ou de ne pas avoir peur, entre guillemets. On dit beaucoup ça, nous, aux freelance. Mais si on a envie d’avoir de l’impact essayons de le faire, ça va peut être pas être facile, mais au moins essayons de passer à l’action à son échelle avec ce qu’on peut.

`Et du coup, on vient au troisième ingrédient qui est de rester assez humble dans sa démarche et faire ce qu’on peut au niveau qu’on peut. Parce que le risque, c’est quand on voit tous les enjeux sociaux, environnementaux, c’est d’être un peu perdu par rapport à l’ampleur de la tâche. Et du coup, ce sentiment que c’est une montagne à gravir peut freiner au passage à l’action.

Donc c’est pour ça que voilà le deuxième et troisième ingrédient l’idée de se dire « Je passe à l’action et je reste humble dans le sens où je ne peux pas tout résoudre. Je fais de mon mieux. Je me repose la question aussi, toujours de mon impact.

Est ce que ça a un impact ma solution ? Est ce qu’elle va dans la bonne direction de ce que j’avais imaginé ? Et j’avance comme ça petit à petit, en essayant de faire et sans, voilà, sans vouloir tout de suite être parfait expert, de faire de son mieux avec les capacités qu’on a ».

Lili [00:55:31] Est ce que selon toi, intégrer un réseau ou collaborer comme tu le mets en avant, ça permet de se sentir un peu moins seul dans l’effort et de finalement décupler l’impact qu’on peut avoir ?

Coline [00:55:42] Donc oui, effectivement, intégrer un réseau, ça permet de se sentir moins seul. C’est vrai qu’un des un des écueils, un peu de freelance, c’est peut être ce sentiment d’isolement. C’est pour ça qu’il y a beaucoup de réseaux de freelance.

Il y a une étude d’ailleurs, qui est sortie y a pas longtemps sur les collectifs de freelance. Il y a de plus en plus de réseaux de freelance et ça permet de se sentir moins seul, de partager parce qu’on a tous voila, en tant que freelance, on ne passe par souvent tous les mêmes étapes. Et c’est sûr que nous, on le voit de se regrouper autour de valeurs communes qui, nous, sont l’impact positif sur les sujets environnementaux et sociaux, ça rapproche énormément, ça permet de se sentir plus fort aussi dans sa démarche.

Ça permet de pouvoir partager sur ses doutes, aider à trouver des idées pour justement avoir plus d’impact, être encore plus dans cette démarche, trouver des missions à impact. Et nous, on le voit.

Déjà individuellement, ça renforce cette envie d’impact. On se sent galvanisé  par le groupe et ensuite l’effet réseau.

C’est vrai que nous, avec Social Declik, on commence à avoir une belle visibilité auprès des acteurs de l’économie sociale et solidaire et donc on permet à chaque freelance des mises en relation et donc tous ensemble on permet à des structures de l’économie sociale et solidaire d’avancer sur des sujets numériques, d’avancer sur une communication qui pourrait avoir plus d’impact pour leurs bénéficiaires, d’avancer sur des sujets, des projets numériques comme des sites web, et cetera.

Et donc ensemble, effectivement, on a plus d’impact que si on était peut être une petite structure avec juste quelques personnes.

 

Lili [00:57:15] Finalement, quand on adopte cet état d’esprit, il n’y a plus de compétition mais que des opportunités de collaborations. Ça peut paraître utopique, mais selon nous, c’est tellement vrai. Chaque entreprise a ses particularités et son caractère unique.

Chaque entreprise répond finalement de manière différente à un besoin et surtout à des profils clients différents. Donc plus l’entreprise ose s’affirmer et se positionner sur ce qui la rend unique, plus elle s’ouvre à ce modèle de collaboration. Nous, en tout cas, c’est notre vision.

 

Nouveaux modèles économiques : vers l’entreprise responsable

Lili [00:57:48] Pour finir cet épisode, il fallait bien que l on passe par le modèle économique. Comment l’entreprise de demain peut se réinventer pour faire rimer rentabilité et responsabilité sociétale? On est persuadées que c’est possible, que c’est même le futur non négociable de l’entreprise dans les années à venir si elle tient à rester dans le jeu.

C’est aussi ce que pense Cyril Masselot. Dans cet épisode il nous explique comment les entreprises peuvent se remettre en question et s’adapter pour passer au monde d’après.

 

Marine [00:58:17] Par rapport à tout ce qu’on s’est dit, c’est comment est ce que tu sors de ce modèle du monde d’hier et comment est ce que tu te lances dans cette transition socio écologique pour aller vers le monde de demain et les entreprises de demain?

 

Cyril [00:58:29] Holala, ça c’est un vaste projet. Grande question. On a un processus info- communicationnel qui sert à accompagner ces transitions et ces changements. Ensuite, je ne vais pas rester sur du « Y a qu’à, faut qu’on ».

On sait très bien que on ne fait, alors, j’aime bien les phrases toutes faites, les proverbes, les dictons. Ça aide parfois à avancer.

On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ou, comme dirait Mark Zuckerberg, on ne peut pas obliger les gens à participer. Et quand il disait que s’inscrire à Facebook était forcément un acte individuel et volontaire.

On ne peut pas forcer la participation. On ne peut pas obliger les gens à participer et à se mettre en réseau à un moment quelconque. Donc, on a un gros travail pour passer au monde d’après. On a un gros travail de conviction, de sensibilisation qui passe par ce qu’on appelle la théorie des récits. Alors là, je vais vous citer quelqu’un d’autre qui n’est pas du monde de la recherche, mais que vous connaissez, je suppose, et j’espère qui s’appelle Cyril Dion.

Cyril Dion, vous savez qui a fait ce fameux film « Demain » avec Mélanie Laurent? Qui en a fait un autre ensuite qui s’appelle « Après demain ». Qui vient de sortir une série qui est encore disponible de trois épisodes sur Arte, qui doit s’appeler « Humain » si mes souvenirs sont bons, qui est vachement… Ah non « Humain » c’est par Artus Bertrand. Bon je sais plus comment il s’appelle, mais il est vachement bien. C’est un « Animal » aussi, qui est super bien et qui explique ça, lui. Il dit : on a besoin de récits à l’heure actuelle.

On manque en fait de récits collectifs, on manque de mythologie, on manque d’un nouveau conte, si vous voulez. Vous savez qu’il y a plusieurs chercheurs qui expliquent que l’arrivée de la Bible en fait et sa popularisation on va dire.

Le premier livre qui a été imprimé quand même dans nos civilisations, dans nos sociétés, a été en fait un outil pour guider moralement, éthiquement nos sociétés, nos compagnons, nos individus, nos concitoyens, etc. Comme le, voilà, le guide du savoir vivre de l’époque, en tout cas avec les fameux dix commandements pour, pour ne parler que de ces aspects là que tout le monde connaît et que tout le monde a retenu. Et alors, c’est un parallèle un peu osé.

Mais ce que essaye de dire Cyril Dion et j’y souscris, c’est qu’à l’heure actuelle, on manque de récit. C’est pas suffisamment propagé entre guillemets dans nos populations pour dire ah mais en fait le problème c’est pas moi. Le problème c’est pas forcément lui. Le problème c’est nous et nous on est capable de faire autrement, alors on est capable de faire autrement, à condition qu’on soit d’accord pour le faire autrement et qu’on se mette d’accord sur ce autrement, justement pas seulement le faire, mais le autrement. Et il faut que certains soient d’accord qu’ils n’ont pas besoin de vivre avec, on va dire la moitié de la fortune mondiale, ça leur sert absolument à rien.

On n’a pas besoin de faire autant de profit, y compris pendant le confinement. Quand on voit le CAC 40, ce qu’ils ont gagné pendant la Covid, c’est extraordinaire. Alors qu’on pensait qu’au contraire il y allait avoir une crise économique.

Ben pas du tout. Bref, c’est une crise économique, mais pas aux mêmes endroits. Donc pour passer au monde d’après, voilà, il va falloir que tous on se requestionne, et on réinvente nos manières de faire et d’être au quotidien.

Moi, je répète déjà est ce qu’on a besoin de ces fameuses illusions nécessaires? Est ce qu’on a besoin de passer au dernier téléphone de chez Samsung ou au dernier Iphone quatorze ou quinze ou bientôt 32 ? J’en sais rien.

Est ce qu’on a besoin vraiment de tout ça ? Est ce qu’on pourrait pas faire autrement ? Est ce qu’on a besoin de cette malbouffe et est ce qu’on a besoin des gros SUV ? Est ce qu’on a besoin de prendre l’avion à chaque vacances?

Est ce qu’on ne peut pas réinventer tout ça et essayer d’être plus en harmonie avec les écosystèmes, avec soi même et avec l’autre et avec nos sociétés ?

Donc, c’est un long chemin. Ça ne va pas se faire en deux minutes et demain.

Mais c’est, moi je pense que c’est la responsabilité de chacun d’entre nous de questionner ça et de dire je suis acteur du changement et pour qu’on arrive à ça. Et c’est pour ça que moi je suis en Infocom, ce n’est pas pour rien.

Parce que je répète un truc très bête depuis moi, ça fait 20 ans que je dis ça quand les premières alertes sont arrivées. La planète n’est pas en train de mourir. L’espèce humaine est en train de mourir. La planète, elle se remettra. Elle s’est remise de chocs bien plus important que celui qu’on lui fait subir à l’heure actuelle. La vie, elle, elle va continuer. Les amibes vont continuer, les microbiotes vont continuer, mais l’Humain va disparaître.

Alors si tout le monde s’en fout, bah à ce moment là, allons y gaiement !

Mais si on ne veut pas que l’espèce humaine s’autodétruise comme on est en train de le faire, on peut, on a les mains sur le gouvernail pour le faire. Et tout le monde est dans le truc. Mais il faut que ce soit positif. Faut que ce soit dynamique. Il ne faut pas que ce soit de la culpabilisation à outrance comme on le fait trop souvent ou comme on l’entend comme on l’entend trop souvent.

 

Lili [01:04:04] Ta réponse elle fait très écho aussi à notre approche à nous, dans le sens où, par rapport à la théorie du récit et le fait de partager un discours qui ne se veut pas culpabilisateur.

 

Cyril [01:04:16] Exact. Ça c’est fondamental.

 

Lili [01:04:17] Nous, on essaie de partager notre expérience en tant que agence en transition de manière très humble et c’est mis en avant pour être considéré comme un work in progress que tout le monde peut emprunter finalement.

Nous on est une agence, créée en 95 où c’était les débuts d’Internet, donc le numérique responsable on en était bien loin. Et ce qu’on aimerait à travers les communications qu’on fait sur tous nos canaux, c’est que les gens comprennent qu’il n’est jamais trop tard pour avoir une transition responsable.

Et il n’est pas question d’étaler des grandes tartines d’éthique et RSE et compagnie, c’est simplement que chacun fasse à la hauteur de ses moyens et de ses ressources, aussi bien en temps que en argent, pour essayer de faire mieux et partager son expérience pour inspirer d’autres.

 

Cyril [01:05:07] C’est fondamental ce que tu dis là à l’instant Lili, parce que moi je peux avoir un discours un peu, on va dire, carré quoi sur ces aspects là. Or, la culpabilisation, c’est vraiment quelque chose qui est compliqué dans nos sociétés.

En tout cas, c’est contre productif. Donc alors là, je reprends ma casquette de communicant. Il faut effectivement dire, il y a un mot clé que t’as sorti qui est vraiment important. Il faut effectivement y aller doucement, dans la mesure de ses propres moyens et avec humilité, tu le disais de manière très humble. Et ça, c’est super important.

Aucun d’entre nous n’est super balèze et on est tous victimes aussi de nous mêmes. Il ne faut pas oublier ça. L’humain reste un animal. Alors comme je dis toujours pour rigoler, un animal social n’est pas toujours très sociable, mais on reste un animal. Donc on a aussi nos passions. On a aussi nos émotions et on a aussi nos incohérences.

Tu vois une fois, bon moi je suis responsable d’un réseau international en intelligence territoriale qui est parrainé par un monsieur qui est un prof, un chercheur qui s’appelle Raul Montenegro. Raul Montenegro il a fait des recherches super importantes sur les tribus indigènes Guaranis en Amérique du Sud, dans le nord ouest donc du Brésil. Et il a été vice président de Greenpeace, vous voyez le niveau du gars. Il est ce qu’on appelle un prix Nobel alternatif parce qu’il y a les prix Nobel que vous connaissez.

Mais il y a un prix Nobel alternatif qui est décerné à des chercheurs ou à des activistes, à des militants qui, chaque année, font quelque chose d’important justement pour lutter contre tout ce qu’on est en train de dire depuis le début.

Et ce gars là, une fois je lui pose la question. Je lui dis « Mais Raul l’esprit humain quand même il pousse en fait à de la facilité, à de l’hypocrisie. On se laisse tous aller des fois. On ne peut pas vivre constamment avec cette culpabilité là, sinon on va se suicider, quoi. Ça ne va pas aller. Et comment on peut faire avec ça? »

Il me répond « Tu sais, psychologiquement, on a démontré qu’on a droit à un certain nombre d’incohérences. » Et il me dit « Moi, je me suis rendu compte que j’arrive à peu près à avoir cinq incohérences par jour et je vis avec.

Sinon, psychologiquement, je vais mal et après je m’en sors pas et je vais finir par déprimer et me suicider. » Donc ça, c’est important d’avoir cette humilité là, ce recul là. On est dans une société à l’heure actuelle qui fait qu’il y a plein d’endroits où on n’a pas le choix.

Regardez comme c’est compliqué à l’heure actuelle, dans un restaurant, vous prenez la première brasserie en bas de chez vous pour trouver un menu végétarien par exemple. Et je ne dis pas végan, mais je vais dire que végétarien. Comme c’est pas toujours très bien vu.

Simplement même dans notre société, ne pas boire du vin à table, c’est pas toujours très bien vu. Et à chaque fois faut s’expliquer. « Ah bon, t’as une maladie, t’as un médicament ? » Vous voyez ce que je veux dire? « T’es enceinte? »

Non mais parce que culturellement, il va falloir qu’on, enfin on met en place dans nos transitions ce que j’appelle des cristallisation. Ça, c’est pas moi qui appelle ça comme ça, c’est d’autres collègues aussi, mais je réutilise ça.

Il va falloir qu’on arrive à cristalliser dans notre culture d’autres manières d’être, d’autres manières de faire. Et en l’occurrence, des choses qui soient plus, allez, pertinentes par rapport à la situation dans laquelle on est, même si je ne veux pas être moi, celui qui décide ce qui est bien, ce qui est mal, on est d’accord. Il faut que collectivement on décide et en fonction des produits de la connaissance. C

omme je rappelais tout à l’heure. Qu’on produise collectivement la connaissance qui nous permet de comprendre ce qu’il faut faire, donc ce qui est bien, ce qui est mal. Mais à partir de là, ça va prendre un temps incroyable.

Moi, ma génération, je ne suis pas sûr qu’on verra ça arriver. J’espère que la vôtre, vous allez non seulement être les meilleurs acteurs pour ça et que vous allez arriver à mettre ça en place.

 

Lili [01:09:27] Ça fait écho aussi. C’est un mot qui n’est pas dont tout le monde n’est pas fan, mais c’est le rapport à la déconstruction aussi. Que finalement, quand on veut ébranler un modèle établi, il faut le déconstruire pour comprendre les tenants et les aboutissants, pour le reconstruire. Et c’est notre approche avec cette enquête finalement, c’est que pour informer et sensibiliser, on essaie de comprendre de quoi est constitué le modèle d’entreprise actuel et quelles sont les tendances pour l’entreprise de demain.

 

Lili [01:09:58] Décidément, on aime bien terminer nos épisodes avec Cyril. On aime beaucoup sa vision très réaliste, pragmatique, mais aussi optimiste et surtout ses prises de position tranchées. Parce que si on veut avancer vers le monde d’après, il faut bien décider de quelque chose et se mettre en action pour de vrai.

Et vous, vous voulez faire quoi pour de vrai ? Quelle est la meilleure idée qui vous vient là, tout de suite, maintenant ? Et que vous aimeriez bien appliquer dans votre vie personnelle et professionnelle? On est tout ouïe.

 

Conclusion

Lili [01:10:31] Voilà qui marque la fin de notre épisode. Un épisode avec de superbes inspirations pour dresser le portrait de l’entreprise de demain. Une entreprise libérée, humaine, responsable, collaborative, sincère, authentique.

Une entreprise qui accepte de jouer son rôle sociétal pour améliorer son impact sur le monde. Et puis qui redonne sa place à l’Humain, qui le valorise et lui permet de s’épanouir professionnellement. Cet épisode aurait pu marquer la fin de cette série, mais on ne voulait pas s’arrêter en si bon chemin.

Alors on a prévu un épisode bonus où on vous partage les exemples de trois entreprises qui sont passées au modèle de l’entreprise de demain, ou du moins qui ont clairement fait quelques pas assumés dans cette direction.

L’occasion de voir l’application concrète de ce qui a été évoqué jusqu’à présent dans cette série. On vous donne donc rendez vous pour un grand bol d’inspiration positive dans le prochain et dernier épisode de notre enquête sur l’entreprise de demain. Une belle journée ou soirée. À très vite ! Merci beaucoup.

 

 

Hippo’dcast, un podcast qui vous plonge dans nos enquêtes sur l’éthique en entreprise et sur le web.

 

Réalisé avec bienveillance par Lili et Marine de l’agence web Hippocampe, une agence en pleine transition éthique.

 

Et voilà pour ce huitième épisode ! 

Vous en avez pensé quoi ? Et surtout, qu’est-ce que vous retenez de ces interventions ?

Rendez-vous dans 2 semaines pour la sortie de notre dernier épisode où l’on vous partage les retours d’expérience d’entreprises qui sont passées aux modèles de demain.

A très vite !

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