L'écriture inclusive : c'est quoi et pourquoi l'utiliser ?

Publié le 26 avril 2021

Chez Hippocampe, l’écriture inclusive s’inscrit naturellement dans nos réflexions éthiques. Mais ce n’est pas aussi simple que ça.Loin de nous toutes polémiques sur l’écriture inclusive, on se veut avant tout pragmatiques, bienveillantes et bienveillants. On vous explique donc ce qu’est l’écriture inclusive et tous les enjeux qu’elle soulève.

 

Plan de l’article

L’écriture inclusive : une histoire de bonne volonté

  1. L’écriture inclusive pour rétablir l’égalité entre les genres
  2. L’écriture inclusive : promotrice de changements sociétaux

Les enjeux soulevés par l’écriture inclusive « classique »

  1. Ecriture inclusive vs. lisibilité, accessibilité et référencement
  2. Aller au-delà de l’égalité femme-homme avec l’écriture inclusive

Les critères d’une écriture inclusive à 360°

 


L’écriture inclusive : une histoire de bonne volonté

L’écriture inclusive part d’un très bon sentiment : inclure et mettre tout le monde sur un pied d’égalité avec les mots que l’on utilise.

On pense notamment aux enjeux côté égalité femme-homme. Certainement le principal débat de l’écriture inclusive et à son origine.

Vous voulez en savoir plus sur l’histoire de l’écriture inclusive ? On vous recommande d’écouter le podcast « L’écriture inclusive : pourquoi tant de haine ? » réalisé par Binge sur le sujet.

Il aborde de manière claire et assez neutre les origines et enjeux de l’écriture inclusive.

Vous pouvez aussi consulter le manuel de l’écriture inclusive rédigé par l’agence Mots-Clés. Elle propose un aperçu général des solutions mises en place dans ce sens.

 

L’écriture inclusive pour rétablir l’égalité entre les genres

En fait, on n’y pense pas souvent, mais la langue française est assez sexiste. Avec ses règles grammaticales entre autres.

Vous vous rappelez la fameuse règle du “masculin l’emporte sur le féminin” ?

Ou encore le “masculin neutre”, antinomique non ?

Ou encore les métiers sans équivalent au féminin…

 

Le saviez-vous ?

La langue française n’a pas toujours été comme ça ! Remontons en 1634 ! Oui, oui ! A cette époque, elle était même plutôt très flexible et il n’y avait pas une manière unique de dire les choses.

Mais avec l’Académie Française, c’est devenu une autre histoire en 1635. Pour donner ses lettres de noblesse au français, nos académiciens ont préféré la complexifier, juste pour que ça soit « joli » à l’écrit.

Et après, on nous dit que la rendre plus inclusive, c’est trop complexe… Ironique non ?

Deux ressources en parlent bien : le podcast de Binge & la vidéo TEDx sur « la faute à la grammaire ».

 

Bref, on apprend des règles d’écriture dès le plus jeune âge, sans se poser de questions sur leurs implications.

On pense chez Hippocampe que la langue en elle-même ne rend pas une société sexiste. Disons qu’elle n’aide pas non plus à soutenir les changements vers plus d’égalité.

Surtout lorsque l’on utilise une langue phallocentrée.

En effet, difficile de se sentir incluse lorsque l’on est une femme et que l’on postule à une offre de “développeur web”. Même si l’on imagine bien que l’offre est ouverte aussi bien aux femmes qu’aux hommes. Mais le message implicite est tout de même présent.

Si toutes les entreprises se mettaient à proposer des offres de “développeur ou développeuse web”, on verrait peut-être plus de femmes dans ce domaine.

Elles se sentiraient moins exclues et plus légitimes de suivre ce type d’études et postuler à ces offres. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

 

L’écriture inclusive : promotrice de changements sociétaux

Rendre la langue française plus inclusive pourrait aider à renforcer les changements dans notre société.

En engendrant une évolution dans notre manière de penser et de percevoir le monde.

Parler de manière inclusive, c’est prendre en compte un plus grand nombre de personnes, et donc s’ouvrir à la diversité. Cela pourrait avoir un impact considérable sur les comportements sociétaux.

Imaginons qu’un enfant apprenne très tôt à parler une langue plus inclusive. Quelles sont les chances qu’il traite de manière plus égale toutes les personnes avec qui il interagit ?

Pareil pour une enfant, rétablissons l’inclusivité. ;)

Après, ces changements de paradigme mettent beaucoup de temps à se voir et à prendre racine.

 

Mais c’est en additionnant chaque effort et chaque action individuelle que l’on aboutira à des résultats.

 

 

L’écriture inclusive a pour objectif de rétablir une égalité dans la langue elle-même, pour favoriser les changements de mentalité dans la société.

La plupart des débats tournent autour de l’égalité femme-homme. Mais pour nous, ça devrait aller plus loin !

 

Les enjeux soulevés par l’écriture inclusive “classique”

L’écriture inclusive peut exclure ! Eh oui, pensons aux personnes exclues par l’utilisation même de l’écriture inclusive.

Les personnes ayant des handicaps visuels ou des troubles de l’apprentissage, comme la dyslexie.

Certaines solutions “inclusives” peuvent justement les exclure en leur rendant les textes incompréhensibles, illisibles, voire carrément inaccessibles.

On peut même aller jusqu’à exclure nos propres cibles en leur rendant notre contenu moins visible, en termes de référencement.

 

Ecriture inclusive vs. lisibilité, accessibilité et référencement

En appliquant à la lettre toutes les règles de l’écriture inclusive, on finit par exclure d’autres personnes… Ce qui n’est pas du tout l’objectif recherché !

Eh oui, prenons le fameux « point médian », par exemple. Il pose de sacrés problèmes en termes de lisibilité, accessibilité et référencement.

Avez-vous déjà lu un texte bourré de points médians ? Pas très digeste. Compliqué à lire pour les personnes dyslexiques.

En plus, les liseuses ne les déchiffrent pas. Vous aurez donc un texte tronqué à l’oral. Pas très agréable, ni très compréhensible.

Côté référencement, les moteurs de recherche non plus ne comprennent pas ce point au milieu d’un mot. Vous risquez donc de perdre de précieux mots-clés.

En plus, toutes les solutions actuelles ne sont pas des plus optimales. Prenons l’exemple de l’utilisation du doublet : les utilisateurs et les utilisatrices de notre site web.

Ou bien du texte non-genré : les personnes utilisant notre site web. Ces solutions peuvent rendre les textes très lourds et plus difficiles à saisir.

Il s’agit donc de trouver le bon équilibre entre inclusivité et légèreté du texte. D’alterner entre différentes solutions pour rendre votre contenu agréable à lire.

Et c’est loin d’être facile.

 

Quand on rédige du contenu, on fait de l’équilibre entre les tournures pour trouver le juste compromis.

 

 

Cela prend plus de temps et demande plus d’efforts… et de connaissances de la langue !

 

Aller au-delà de l’égalité femme-homme avec l’écriture inclusive

 

L’écriture non-genrée

Et puis, on pense que l’écriture inclusive ne doit pas juste s’arrêter sur le débat de l’égalité femme-homme.

On en fait quoi des personnes qui ne se reconnaissent ni dans le genre féminin, ni masculin ?

Des réflexions sur les genres non binaires commencent à émerger. Donnant lieu à des trouvailles, telles que “iel” ou “ille”, par exemple, pour mixer les pronoms “il” et “elle”.

Mais ce n’est pas forcément la meilleure solution.

En effet, la définition de genre n’est ni juste un choix binaire, ni un point défini entre deux polarités « masculine et féminine ».

En plus, ça donne des résultats bizarres à l’écrit ou à l’oral, surtout quand on ne connaît pas.

De là à créer plus de 50 genres, comme aux Etats-Unis, c’est peut-être un peu trop ! Ça revient à vouloir mettre absolument les gens dans des catégories.

C’est tout simplement absurde, vu la complexité du genre humain et le caractère unique de chaque individu.

On peut aussi décider d’instaurer un genre unique, le genre humain.

L’idée est belle, mais réductrice. Elle ne permettrait pas à chacun ou chacune… et aux autres, d’exprimer leur singularité.

On le voit bien, le débat n’est pas évident.

Mais c’est un premier pas pour trouver des solutions. Avec le fleurissement de ces réflexions et au fil des usages, on devrait arriver à des options intéressantes.

En tout cas, chez Hippocampe, on essaye de mobiliser nos règles d’inclusivité pour inclure un maximum de monde possible.

On sait que ce n’est pas parfait, surtout sur la question de la non-binarité des genres. Mais on fait de notre mieux !

 

La non-discrimination par les mots

Il devrait aussi y avoir tout un débat autour des mots utilisés. Certaines tournures peuvent blesser.

L’idée de l’écriture inclusive, selon nous, doit aller plus loin.

Les mots utilisés ne doivent pas discriminer. Par exemple, en n’utilisant pas d’adjectifs « dégradants », souvent devenus dégradants en raison de leur usage.

L’autisme, par exemple, est un trouble du neurodéveloppement humain. Pourtant, quand on traite quelqu’un d’autiste, c’est très négatif.

Du coup, on ne peut plus dire à quelqu’un souffrant d’autisme qu’il est autiste.

C’est assez absurde, mais c’est l’usage qui construit notre langue. Donc plutôt que d’aller contre le vent, adaptons-nous !

Bon après, l’idée n’est pas non plus de faire que du politiquement correct tout le temps.

En effet, on risque d’avoir un discours sans couleurs et sans prise de position. On veut lire du vrai et de l’authentique.

Souvent, le fait de toujours prendre des pincettes donne un style affecté. Comme si l’on n’osait pas se positionner et s’engager à employer des mots.

Cela rend le contenu moins engageant.

Là aussi, il s’agit de trouver le bon équilibre entre positionnement et discrimination. Être authentique, sans blesser les autres.

Tâche difficile à mener à la perfection, vu que l’on ne peut jamais plaire à tout le monde ! Mais c’est bien la raison pour laquelle, on doit se positionner.

 

Construire notre avis en fonction de nos valeurs et de notre perception du monde.

 

 

L’objectif : apporter de la valeur ajoutée à nos prises de parole. Sans négliger ou dénigrer pour autant les points de vue que l’on ne partage pas.

En fait, il s’agit tout simplement de respect et d’ouverture d’esprit. C’est ça aussi l’écriture inclusive !

 

Les critères d’une écriture inclusive à 360°

Alors oui, écrire un texte 100% inclusif, ça demande plus d’investissement. Et surtout de la créativité !

Parce qu’il faut savoir jouer avec les mots et les formulations pour répondre aux critères d’une écriture inclusive à tous les niveaux. Sans complexifier la lecture.

Une écriture inclusive pour le plus grand nombre, accessible et référencée.

Il s’agit donc d’inclure aussi bien les femmes, les hommes et aussi toutes les personnes ne se retrouvant pas dans ces deux genres.

Sans oublier d’inclure aussi les personnes en situation de handicap. Celles ayant des difficultés visuelles par exemple, ou des problèmes de dyslexie (mot d’ailleurs paradoxalement compliqué pour les personnes en souffrant…).

Enfin, inclure les liseuses et les moteurs de recherche.

Bref, écrire de manière inclusive pour englober tous ces aspects, c’est compliqué. Mais pas impossible !

Voilà le défi que l’on a essayé de résoudre avec notre équipe pour créer notre propre charte d’écriture inclusive.

Evidemment, on ne prétend pas avoir trouvé la solution parfaite. En plus, elle sera amenée à évoluer avec le temps et les usages. Mais pour le moment, le résultat nous plaît beaucoup.

On vous donne rendez-vous dans le prochain épisode de notre blog pour vous dévoiler notre charte d’écriture inclusive.

D’ici-là, vous en pensez quoi de l’écriture inclusive ? Vous mettez déjà des solutions en place de votre côté ?

Histoire à suivre

Notre charte d’écriture incluse arrive très vite ! Restez connecté… ou connectée, pour la découvrir.

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