Eco-conception et communication éco-responsable

numérique écoresponsablesobriété numérique

Publié le 30 juin 2022

A ce stade de la série, vous savez que le web pollue. En tant que professionnels et professionnelles du numérique, vous avez encore plus de responsabilités. Pour ce dernier épisode, on vous conseille donc de bonnes pratiques numériques et des solutions pour accompagner votre entreprise dans sa transition numérique responsable.

Enquêtes éthiques d'Hippocampe
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Eco-conception et communication éco-responsable - [Focus numérique écoresponsable - épisode 4]
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Pour le dernier épisode de cette série sur le numérique écoresponsable, on continue sur notre lancée. On finit en beauté avec quelques métiers du web.

On vous donne des conseils et des bonnes pratiques à intégrer dans vos usages professionnels du numérique.

Rédaction, développement, design, communication, stratégie web…

On vous aide aussi à surmonter les peurs et les « freins » auxquels sont souvent confrontées les entreprises. De quoi les aider à passer le cap de la transition numérique responsable !

 

Dans cet épisode, nous voilà accompagnées de :

  • Tristan Nitot, animateur du podcast l’Octet Vert et entrepreneur
  • Christophe Clouzeau, Expert green UX et éco-conception numérique chez Temesis
  • Margo Chaillou, co-fondatrice et CEO de Improved Impact
  • Ferréole Lespinasse, conseillère en sobriété éditoriale, refonte de site internet, rédaction et production de contenus
  • Anne Rabot, experte Green IT, directrice RSE et relation client de Resilio
  • Florian Doyen, fondateur de “Challenge for earth”, animateur fresque du climat et conseiller environnemental

 

L’article résumé est en cours de rédaction et sortira à la rentrée. Un peu de patience 😉

Bonne lecture ou bonne écoute !

 

Plan :

​​Retranscription épisode 4 : éco-conception et communication éco-responsable

Introduction

L’impact de vos actions numériques

Les pratiques numériques responsables

    1. Stratégie web
    2. Eco-conception web
    3. Développement vert
    4. Hébergement responsable
    5. Sobriété éditoriale

L’accompagnement vers un numérique responsable

Conclusion

 


Retranscription épisode 4 : écoconception et communication responsable

Introduction

Marine [00:00:20]

Tous les trois mois, on explore une nouvelle initiative éthique que l’on veut mettre en place dans l’agence. L’occasion de sensibiliser et de se former pour accélérer notre transition éthique. Et quoi de mieux pour se former que de faire intervenir des experts et experts passionnés par ces différents sujets.

Vous aussi, vous voulez rendre vos pratiques plus éthiques ? Alors plongez avec nous dans l’enquête.

On vous embarque dans nos rencontres et nos échanges à travers une série de podcasts qui vous accompagnent au cœur de nos enjeux éthiques. De quoi vous inspirer avec des solutions concrètes pour votre activité professionnelle.

 

Lili [00:00:51]

Dans l’épisode précédent, on a vu les actions que chaque individu peut mettre en place à son échelle pour réduire son empreinte carbone numérique. Dans cet épisode, on s’attaque à la partie professionnelle et notamment les métiers du web.

Nous avons un impact considérable sur le numérique via notre activité, surtout quand nous communiquons sur le web et produisons des services numériques. Quand on travaille dans le numérique, on a encore plus de responsabilités.

En participant largement aux activités numériques, on pollue plus. La remise en question de nos usages est donc fondamentale. On a aussi un rôle majeur à jouer pour montrer l’exemple et inciter aux bonnes pratiques.

Dans cet épisode, on va donc couvrir plusieurs domaines, depuis le design au développement web, en passant par l’éditorial et la stratégie web, sans oublier l’hébergement de sites Internet. L’idée étant de donner de bonnes pratiques pour chaque axe.

À la fin de l’épisode, on vous donne des clés pour vous accompagner dans la démarche de transition numérique écologique de votre entreprise. Nous avons interrogé nos intervenants et intervenantes selon leurs domaines d’expertise.

Pour cet épisode, nous sommes accompagnés de Tristan Nitot, Christophe Clouzeau, Margo Chaillou, Ferréole Lespinasse, Anne Rabot et Florian Doyen.

On vous laisse découvrir toutes les actions que vous pouvez mettre en place dans votre activité professionnelle. Votre mission : choisissez celles qui résonnent le plus pour vous et essayez.

 

L’impact de vos actions numériques

Lili [00:02:53]

Avant de démarrer sur les solutions concrètes d’une communication web responsable et éco friendly, on tient à vous rappeler que oui, toutes vos pratiques numériques font la différence. Margo nous explique pourquoi et nous donne même un exemple plus que concret.

 

Margo [00:03:08]

Un site qui n’aurait pas été pensé en écoconception en moyenne peut réduire de 15 à 30% son empreinte environnementale.

Comment ? En compressant ses images, en faisant attention au poids des pages, ou en faisant en sorte qu’il y ait le moins d’erreurs dans le code. Donc le développement du site.

Faire attention à l’usage de la vidéo. Avoir des fonctionnalités qui sont essentielles, et celles qui ne le sont pas, ou très peu utilisées par les utilisateurs [et les utilisatrices] peuvent être même supprimées.

Un site éco conçu n’est pas un site moche où on ne peut rien faire dessus. C’est souvent le retour qu’on peut avoir.

C’est juste penser dès le départ que les fonctionnalités ont vraiment un intérêt, et faire attention à optimiser toutes les petites choses qu’on peut optimiser.

Du coup, nous on a réalisé un premier niveau d’audit pour une société qui a créé un générateur de sites Internet. Aujourd’hui, ils ont environ 7000 sites qu’ils gèrent au quotidien, des sites de petites entreprises.

Et cette entreprise, quand on a fait l’audit, on s’est rendu compte qu’elle produisait deux tonnes de CO2 par semaine. Ce qui est énorme. Et en fait, avec quelques améliorations, donc en revoyant la compression des sites, en bloquant l’image au maximum par exemple, eh bien vous pouvez diviser par trois cet impact.

Donc en fait, toutes les entreprises sont concernées. Et le web peut avoir un impact vraiment important si on ne fait pas attention à mettre en place des bonnes pratiques.

C’est vrai que quand on parle de pollution numérique, la plupart du temps, on le dit, et c’est vrai à juste titre, que les terminaux ont le plus gros impact. Et on nous dit que le web est un peu en bout de chaîne de cette pollution.

Sauf qu’aujourd’hui, on est à plus d’1,92 milliard de sites Internet dans le monde. Il y en a 800  000 qui se créent chaque jour. Donc du coup, en bout de chaîne, ça commence à faire beaucoup de gouttes d’eau.

Il est nécessaire que chacun [et chacune] se mette en action et agisse, puisqu’on pourrait facilement réduire par deux l’empreinte environnementale des sites. Parce que beaucoup sont mal conçus.

 

Les pratiques numériques responsables

Lili [00:05:41]

Mises bout à bout, toutes nos actions comptent. On se doit donc d’agir toutes et tous et d’aller plus loin que simplement garder nos terminaux le plus longtemps possible en bon état.

Si cette pratique ne vous dit rien, on vous invite plus que chaleureusement à écouter le précédent épisode de cette série. On vous explique en long, en large et en travers comment maintenir vos terminaux le plus longtemps possible et pourquoi c’est capital.

Maintenant que c’est clair pour vous, voyons voir comment vous pouvez adapter vos pratiques professionnelles pour tendre vers un numérique éco responsable.

Si vous ne souhaitez pas tout écouter et pour vous aider à naviguer à travers cet épisode, voici l’ordre des sujets abordés : la stratégie web, l’éco conception, le développement web, l’hébergement, l’éditorial et l’accompagnement des entreprises dans leur transition numérique écologique.

Vous pouvez aussi jeter un œil à la retranscription et aux résumés.

Nous avons interrogé Margo et Anne pour parler de stratégie web. Notamment de l’audit stratégique. Une étape très importante à réaliser avant de vous embarquer dans tout plan d’action.

En effet, il faut d’abord faire un état des lieux de vos services numériques pour avoir des bases concrètes afin de prendre vos décisions stratégiques. Margo nous explique pourquoi c’est une phase essentielle.

 

Stratégie web

Margo [00:06:58]

Tout simplement pour avoir un état des lieux et pouvoir prioriser les actions.

Une entreprise ne peut pas activer tous les chantiers en même temps et elle ne peut pas aussi s’embarquer dans quelque chose qu’elle ne connaît pas.

Donc elle est obligée de passer par un premier niveau d’audit qui lui permet d’avoir les priorités.

Qu’elles soient derrière humaines, pour sensibiliser ses collaborateurs [et collaboratrices], ou financières : est-ce qu’il va y avoir un parc informatique par exemple, à renouveler, ou une application à refondre complètement ?

Voilà, sans audit, elle ne peut pas le savoir. Donc elle est obligée de commencer par là.

 

Lili [00:07:35]

On lui a demandé de nous parler d’Improved Impact, son outil pour mesurer l’empreinte numérique des entreprises. Elle vous expose quelques critères importants à prendre en compte dans votre audit.

 

Margo [00:07:46]

Chez Improved Impact, on audit sur la partie sociale : tout ce qui va être l’accessibilité numérique. Et la partie environnementale.

Aujourd’hui, on a un algorithme qui va tester une centaine de critères.

Pour vous donner des exemples de tests qui sont réalisés ; on va regarder si on peut naviguer au clavier, si le site est accessible à des outils d’assistance pour les personnes en situation de handicap.

Et sur la partie environnementale, on va plus aller voir la compression du site internet, le poids des images, des vidéos. Est-ce qu’elles sont de bonne qualité, tout en ayant un poids correct ?

Ou le nombre d’échanges qu’il va y avoir entre l’ordinateur, où l’on voit le site, et le serveur. Donc le nombre de requêtes entre ces deux parties, pour pouvoir calculer ce qu’aurait le site sur l’impact environnemental, l’impact social. Et donc, nous après, on parle d’impact global.

Et on donne également des équivalences. Parce que la pollution numérique ou l’impact social, ça reste très flou pour beaucoup de gens. Donc on va leur expliquer pourquoi c’est important de le faire.

Et puis, qu’est-ce que ça représente en termes de consommation électrique ? En termes de production de CO2 ? Et en termes de population qui peuvent ou pas accéder à leur site Internet ?

 

Lili [00:09:10]

Voilà qui vous donne quelques critères sur lesquels vous baser pour évaluer votre impact. On s’est d’ailleurs demandé quels étaient les principaux axes qui posent problème sur les sites Internet.

 

Margo [00:09:21]

Alors, les principaux axes qui posent problème sur des audits de sites Internet sur la partie vraiment sociale… On va être sur des problématiques de contrastes. On rencontre cette problématique dans plus de 80 % des audits que l’on réalise.

Et de l’autre côté, côté empreinte environnementale, ça va vraiment être la gestion des médias, du fait que les sites Internet ne soient pas forcément compressés.

Et c’est des choses qui peuvent être vraiment modifiées de façon assez simple par des professionnels [et professionnelles] du Web.

 

Lili [00:09:55]

Avec tout ça, vous aurez déjà de sacrées pistes pour réaliser votre audit et faire un plan d’action. Ou vous recommande tout de même de passer par un outil ou une entreprise spécialisée pour auditer vos services numériques. Margo nous donne les points essentiels d’un bon audit.

 

Margo [00:10:09]

Les points essentiels d’un bon audit, c’est la transparence et la méthodologie.

Vous devez pouvoir comprendre l’audit facilement, que ce soient des outils gratuits ou des outils derrière payants, ou passer par un expert. Il faut que vous puissiez comprendre ce qui est pris en compte dans cet audit, la méthodologie.

Et après aussi, pour un bon audit, il faut qu’il soit compréhensible. Puisque si vous ne comprenez pas le retour de cet audit et les recommandations qui vont avec, vous ne passerez jamais à l’action.

Donc de la transparence et de la simplicité pour un bon audit.

Il existe des outils gratuits qui vous donnent un premier niveau, mais ça peut être un bon électrochoc.

Je pense notamment au site Website Carbone, qui est très ludique. Il vous donne des exemples d’équivalence en poids de sumo, par exemple. Ou en arbre qu’il faut planter pour pouvoir absorber la production de CO2 du site en question.

Et puis, tout de suite, vous voyez si le site de votre entreprise fait partie des plus vertueuses. Ou au contraire, si elle fait partie des plus polluantes.

 

Lili [00:11:17]

Nous avons aussi interrogé une experte de la transition numérique éthique des entreprises, Anne, qui nous explique la méthode et les critères qu’elle utilise pour calculer l’empreinte environnementale des systèmes d’information d’une entreprise.

 

Anne [00:11:31]

La pollution du numérique, ce n’est pas que les gaz à effet de serre, ce n’est pas que du réchauffement climatique.

Nous, chez Resilio, et puis, au sein du collectif GreenIT.fr plus généralement, on utilise une méthodologie qui s’appelle ACV : Analyse de Cycle de Vie.

Et donc, on va s’intéresser à toutes les étapes du cycle de vie des équipements. Donc la fabrication, la distribution, l’usage et la fin de vie.

Et puis, on va utiliser plusieurs critères environnementaux. Donc on appelle ça une analyse de cycle de vie multicritère.

Et donc cette méthodologie a des standards européens et internationaux. Je ne sais pas si j’épargne aux auditeurs [et auditrices] des termes barbares, mais on va parler d’ISO 14 040, on va parler de PEF : Product Environmental Footprint.

Donc on va se baser sur seize critères environnementaux qui sont recommandés dans ce PEF. Donc ça va être bien sûr le changement climatique, on l’oublie pas quand même.

On va regarder l’extraction des métaux et minéraux, la pollution aux particules fines, l’acidification. On va regarder l’eutrophisation de l’eau. Il y a tout un tas de critères qui vont entrer en compte.

Ce qui est intéressant dans le multicritère, c’est que si on fait une action, on va voir tout de suite s’il y a des reports de pollution sur d’autres critères. Donc on va avoir une vision plus globale que de rester uniquement sur des enjeux climat.

 

Lili [00:12:58]

Anne vous donne aussi des questions à vous poser pour évaluer rapidement si vous êtes plutôt dans le vert, ou plutôt dans le rouge niveau responsabilité numérique.

 

Anne [00:13:08]

En entreprise, les questions qu’on va se poser, c’est déjà : est-ce qu’il y a une stratégie mise en place ?

Est-ce que la DSI travaille avec les achats sur des critères environnementaux, dans les appels d’offres ou sur des critères de réparabilité, sur le réemploi du matériel en fin de vie, sur les labels au moment de l’achat ?

Est-ce que les [équipes] sont sensibilisées et formées au sujet ?

Je pense que c’est important aussi de ne pas voir la démarche numérique responsable comme une démarche punitive en entreprise. Où on va dire que tes deux écrans, c’est mal, et de les enlever. Il faut que tout le monde soit au courant de pourquoi on fait ça et participe au comment on va le faire.

 

Eco-conception web

Lili [00:13:49]

Alors, plutôt dans le rouge ou dans le vert ? Après cette partie stratégique, place à l’écoconception, un sujet phare du numérique éco responsable. On a donné la parole à Christophe pour nous éclairer sur ce concept fondamental.

 

Christophe [00:14:03]

L’éco-conception, ça existe depuis des années dans d’autres secteurs industriels. C’est-à-dire qu’on fait de l’éco conception quand on fait une voiture, quand on fait un bâtiment, quand on fait un groupement, une chaussure, quand on fait un packaging.

Ça a toujours existé et c’est défini par des normes ISO au sein de l’Afnor.

Mais là, l’idée, c’est de partir sur de l’éco conception numérique. Donc c’est la même chose, c’est réfléchir à l’impact environnemental. On est bien dans l’éco-conception.

Là où le numérique responsable va chercher les trois piliers du développement durable (économie, sociétal, environnemental), l’éco conception, c’est que l’environnement.

On va chercher à réduire son impact. Et pour ça, qu’est-ce qu’on va faire ? Eh bien, on va faire de la sobriété. Donc faire les choses les plus sobres. Frugales.

Le phénomène complètement extrême de cette recherche-là, dans cette démarche, c’est les low tech. C’est le pendant du high-tech.

Donc les low tech, c’est de faire les sites qui font tourner, par exemple, sur un Raspberry Pi avec des batteries alimentées par un panneau solaire.

Et puis, quand il n’y a pas de soleil et que les batteries, il n’y a plus de jus, eh bien il n’y a plus de site. Mais au moins, quand il y a du soleil, le site est de nouveau accessible.

Bref, c’est ces recherches-là. C’est à la fois hardware et conception côté interface. Le low tech, on va dire que c’est presque le Mad Max du numérique. Il y a plus d’électricité mais on a encore des services numériques.

Donc comment on fait pour se débrouiller pour faire tourner tous ces services numériques ? La démarche low tech, c’est la sobriété à fond. C’est vraiment réduire au maximum l’impact environnemental pour faire fonctionner un service.

 

Lili [00:15:35]

Pour bien comprendre le concept d’écoconception. On a demandé à Christophe comment ça se concrétise en termes de pratiques.

 

Christophe [00:15:43]

Trois bonnes pratiques que je pourrais partager, ce serait déjà de faire du less is more.

Quand on est en approche d’écoconception numérique, on est sur une réflexion autour de ce qu’on appelle une unité fonctionnelle.

Donc l’unité fonctionnelle, c’est vraiment le cœur du service numérique. L’unité fonctionnelle, ça pourrait être de rechercher un billet de train ou réserver une place de théâtre, faire un podcast, ou échanger en visio, rechercher quelque chose, lire un article. Ça, c’est vraiment l’unité fonctionnelle.

J’aime bien parler de Green UX. C’est comment challenger cette unité fonctionnelle en mettant le minimum de services additionnels autour qui viendront rajouter de l’obésité et de la surcharge au cœur du service numérique.

C’est vraiment le point de réflexion quand on fait de l’écoconception. Et ça, c’est à la fois côté design, mais côté code, on va faire la même chose.

C’est-à-dire que l’on va faire du less is more en code. Et côté architecture du réseau, c’est pareil. On va adapter et l’hébergement et la bande passante, simplement à ce qui est utile sur le réseau.

Typiquement, on fait des applications qui pèsent 10 méga ou 10 giga, ça sert à rien de réserver un disque dur de 1 terra et d’allouer complètement la bande passante pour ce service-là.

Sauf si derrière, il faut l’ouvrir temporairement parce qu’une audience le demande, ou des requêtes qui nécessitent 10 terras. Mais c’est vraiment adapter ça, on va dire, au plus juste.

 

Lili [00:20:16]

Maintenant que vous y voyez plus clair, vous allez peut-être vouloir mettre en place l’écoconception dans votre activité. C’est ce qu’on espère en tout cas. Christophe vous donne des conseils pour vous lancer intelligemment dans cette démarche.

 

Christophe [00:20:30]

L’idée, à mon avis, c’est de rester complètement humble, ouvert [ouverte] et curieux [curieuse]. Parce qu’effectivement, c’est une vraie démarche. C’est une démarche d’amélioration en soi.

On apprend tous les jours, on initie tous les jours, on mesure tous les jours. On mesure et on se rend compte qu’il y a peut-être une autre bonne pratique. On peut trouver d’autres solutions, soit par le design, soit par le code, soit en architecture réseau.

C’est pour ça que je parle de rester humble, ouvert, curieux, et considérer que c’est bien une démarche d’amélioration continue. On va tout le temps apprendre.

Si vous voulez vous lancer côté entreprise, le nerf de l’éco conception, c’est la mesure quand même. On est tout le temps en train de mesurer ce qu’on fait.

Et qu’est-ce qu’on va mesurer ? On va mesurer notre réseau. On va ouvrir le tools du navigateur, pour [celles et] ceux qui font du développement, et qui connaissent un peu.

Et on va regarder les requêtes, les données transférées une fois décodées et compressées. On va tester avec du Lighthouse, ou d’autres outils, mais on va regarder tout ça en fait, pour voir ce qui arrive en bout de chaîne, sur mon écran.

Et éventuellement, on peut aussi aller mesurer ce qui se passe derrière, côté serveur, ou même côté intelligence artificielle.

Donc la mesure, elle est indispensable. Et donc on mesure, on rectifie, on remesure, on rectifie etc. Un peu comme une méthode agile. Jusqu’au moment où on va considérer qu’on peut lancer.

Et quand on va le lancer, donc le mettre en ligne, à disposition de sa cible et de ses utilisateurs [et utilisatrices], eh bien c’est pas fini. Va toujours falloir continuer à mesurer pour voir si on est toujours dans les clous de la sobriété, ou si, au contraire, on est en train d’exploser les scores et de consommer énormément de CO2.

Ça, c’est le premier point. Je pense que c’est la mesure. Et ensuite, si vraiment vous voulez aller dans cette démarche-là, [il faut former vos clients].

Nous en tout cas, c’est ce qu’on fait pour nos clients, c’est-à-dire qu’au départ, on va les former et ensuite on va les accompagner et même apprendre avec eux.

Et au départ, il faut se former, on n’a pas le choix. Donc petites formations de sensibilisation ou des formations spécifiques métier.

Si vous souhaitez vous mettre dessus déjà à titre autonome, vous avez des MOOC qui sont super bien faits, gratuits. Je peux vous citer deux MOOC.

Vous avez le MOOC de l’INR, l’Institut du Numérique Responsable. Donc c’est des MOOC qui se font en une demi heure. Après, vous avez une version un peu plus longue qui vous rajoute 2 ou 3 h et vous pouvez aller jusqu’à une certification derrière.

Donc ça, c’est l’approche de l’INR. Mais sinon, vous avez un autre MOOC qui est fait cette fois-ci par l’Inria, qui est un peu plus fun et aussi très très bien fait et avec plus de vidéos.

Donc voilà, si vraiment vous voulez vous former, ces deux-là sont tout à fait intéressants. En tout cas pour commencer à mettre le pied à l’étrier.

 

Développement vert

Lili [00:23:42]

Christophe nous a aussi partagé de nombreuses ressources pour l’écoconception. Comme on ne voulait pas rendre cet épisode trop long, on les a mises dans l’article qui accompagne le podcast. On vous invite à y faire un tour.

Maintenant que vous avez éco pensé votre site, il va aussi falloir le développer de manière responsable.

Pour cette partie, Florian nous dresse le portrait d’un développement web éco-friendly. On a commencé par lui demander en quoi le développement web pollue. Histoire de comprendre les leviers sur lesquels agir.

 

Florian [00:24:14]

Ce qu’il faut savoir, c’est que quand on estime la pollution de quelque chose, il va y avoir des choses qui vont être plus impactantes que d’autres.

Par exemple, dans les services numériques, ce qui va polluer énormément, ça va être le matériel, ça va être les datacenters, les terminaux, l’électricité qui est utilisée si elle est carbonée.

Et à côté de ça, on va avoir des choses qui vont être moins polluantes, comme les lignes de code. Clairement, une ligne de code, ça pollue un petit peu, mais ce n’est pas non plus dramatique.

Donc il faut vraiment se dire que c’est ce qui pollue vraiment sur lequel il faut travailler tout de suite.

C’est l’hébergement par exemple d’un site web. Un site web, suivant où tu l’héberges, ça va être plus ou moins polluant.

Il vaut mieux privilégier un data center qui, par exemple, utilise de l’énergie verte, qui est alimentée avec des panneaux solaires par exemple, ou du nucléaire. On va essayer de privilégier un data center qui n’utilise pas la clim, mais qui va plutôt utiliser les systèmes de courants d’air ou de la végétalisation pour refroidir la pièce, etc.

 

Lili [00:25:20]

Donc oui, amis développeurs et développeuses, vous polluez. La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez limiter cette pollution. Florian vous donne des conseils facilement actionnables pour améliorer l’empreinte carbone de votre développement.

 

Florian [00:25:34]

Alors je vais reprendre les mêmes conseils que ce qu’on dit pour le référencement. Plus ton site va être léger, mieux c’est.

C’est-à-dire minifier. Minifier, c’est enlever tout ce qui est espace, tabulation, saut de ligne et tous les caractères invisibles qui ne servent à rien dans un fichier.

Donc minifier les fichiers JavaScript et CSS pour rendre ces fichiers plus légers en termes de poids.

Ce qui veut dire une page qui charge plus vite, donc c’est le double effet « kiss cool ». C’est-à-dire que la personne qui visite le site ne partira pas, parce que le site sera rapide à charger.

Et en plus, vous aurez fait un petit geste pour la planète. Puisqu’un site qui met moins de temps à charger consomme un peu moins d’énergie.

C’est la même chose pour le poids des images. Pensez à les optimiser. Encore un conseil : une image qui est lourde, ça donne un malus sur le référencement.

C’est pareil pour la planète. C’est une image qui est lourde, met plus de temps à charger, donc forcément ça consomme plus.

Pareil, du coup, les vidéos, si vous mettez une vidéo sur votre serveur… Ce qu’on évite de faire en général, on utilise une plateforme comme YouTube ou autre.

Essayez de mettre une vidéo pas trop lourde, pas trop HD, on va dire. On va essayer de limiter la casse.

Il n’y a pas trop de concepts de code. Parce que comme je disais, le green code, c’est un concept qui est tout nouveau, qui émerge tout juste. Donc il n’y a pas encore beaucoup de conseils, si ce n’est éviter ce qu’on appelle les obésitiels.

Donc faire du code le plus léger possible, le moins lourd possible, ce qu’on appelle de l’optimisation de code. Mais ça, c’est quelque chose qu’on est censé faire déjà de base, ne serait-ce que pour la performance.

Après, si la performance s’allie avec le geste sur la planète, c’est tant mieux quoi.

Par expérience et par ce dont on m’a appris, je dirais qu’il faudrait choisir des langages plutôt bas niveau. C’est-à-dire des langages plus proches du langage machine comme le C, comme le C++ et autre, et éviter des langages plus haut niveau, comme le PHP par exemple.

Parce qu’en fait, ce sont des langages qu’on va pouvoir utiliser pour mieux optimiser son code. C’est-à-dire qu’à partir du moment où tu as la main sur le bas niveau, on va dire que tu as les mains dans le cambouis.

Tu vas vraiment pouvoir, limite même en C, tu vas pouvoir gérer ton allocation mémoire, ce que tu ne peux pas forcément faire avec des langages de haut niveau. Donc forcément, puisque t’as la main là-dessus, tu peux optimiser.

Bien sûr, après ça nécessite des compétences techniques, mais je pense que le choix du langage va se faire aussi par là. Est-ce que je prends un langage haut niveau, bas niveau ?

Après, effectivement, peut-être choisir des langages plus universels plutôt que des langages propriétaires ou du moins très limités.

Je pense par exemple… Alors, je ne veux pas rentrer dans la critique d’Apple, parce que chacun a son avis dessus, mais par exemple le fait qu’Apple ait ses propres terminaux, ses propres matériels et son propre langage, fait que tout est fermé.

Et de ce fait, quand tu achètes un iPhone, il faut que tu achètes tout ce qui va avec. Et si tu veux développer une application pour Android et pour iPhone, il va falloir que tu aies deux terminaux pour tester.

Tu vas devoir avoir un smartphone classique qui tourne sous Android et un iPhone pour tester l’application sur iOS.

Le problème, c’est que maintenant Apple est tellement ancré qu’on n’arrivera pas à avoir une fusion des deux secteurs. Donc il faudra faire avec malheureusement.

Mais je pense que ça aurait un impact, en fait, si on n’avait pas ces deux concurrents, on va dire ça comme ça.

 

Lili [00:29:01]

Voilà déjà une liste d’actions que vous pouvez mettre en place dès à présent dans votre activité. Pour les plus frileux et frileuses d’entre vous, Florian vous donne de bons arguments pour vous mettre au vert.

 

Florian [00:29:12]

En fait, le souci c’est qu’actuellement, si on se base sur les accords de Paris : on doit atteindre moins de deux degrés d’augmentation pour la planète d’ici 2050.

Actuellement, on n’est pas du tout dans cette trajectoire-là. On est plutôt de l’ordre des trois degrés. C’est énorme. C’est énorme et c’est grave.

C’est grave pour l’agriculture, c’est grave pour la faune et la flore. C’est vraiment dramatique. Et du coup, forcément, indirectement, c’est grave pour nous.

Concrètement, actuellement, on va droit dans le mur.

Et dans la finalité, plus personne ou presque ne va pouvoir faire du numérique à terme. Parce que si on va droit dans le mur, c’est clairement un effondrement de la société comme on la connaît.

Donc puisqu’on va droit dans le mur, j’aime bien faire cette comparaison, c’est à nous de vouloir aller dans le mur à 150 kilomètres/heure, à 110 à 90 ou à 50 kilomètres/heure.

Parce que suivant la vitesse à laquelle on y va, ça va nous faire plus ou moins mal.

Donc clairement, pour moi, je pense que le secteur du numérique a un très grand rôle à jouer, dans son impact à réduire, mais aussi dans la sensibilisation.

Le numérique, ça a révolutionné nos vies. Maintenant, on peut envoyer un message instantanément à quelqu’un qui nous répond dans la foulée, alors qu’il est à l’autre bout du monde. Alors qu’avant, c’était un courrier qui partait et qui mettait des semaines à arriver, et on n’était même pas sûr que ça arrive. P

uisqu’on peut sensibiliser les gens à l’autre bout du monde, on peut utiliser aussi le numérique pour ça. On peut vraiment utiliser ce numérique qui pollue actuellement pour en faire quelque chose de bien.

En fait, c’est comme ça pour beaucoup de choses. L’humain a inventé énormément de bonnes choses, mais il en fait aussi un mauvais usage.

Du coup, pour le numérique, c’est pareil. On en fait actuellement un très mauvais usage, même s’il y a des bonnes choses.

Et je pense que l’heure est venue, là, dans cette tranche 2020 – 2030, de faire du numérique quelque chose de plus écoresponsable. Et je pense que ce serait vraiment un des leviers du monde de demain.

Pour moi, le numérique a vraiment des cartes à jouer dans le changement de nos sociétés.

Donc c’est vraiment user de ce levier qu’est le numérique pour changer le monde et faire de demain un monde meilleur, pour nous déjà, mais aussi pour les générations futures, parce que c’est surtout eux qui vont en pâtir.

 

Hébergement responsable

Lili [00:31:28]

Vous l’aurez compris, c’est maintenant qu’il faut s’y mettre. Comme on a pu le voir avec Florian, qui dit services numériques, dit aussi hébergement. Là aussi, il y a pas mal de choses à faire pour limiter votre empreinte carbone numérique. Tristan fait le topo sur cette partie.

 

Tristan [00:31:44]

On peut se poser la question de l’hébergement des sites et des applications web. Alors là, il y a deux choses à savoir.

La première, c’est favoriser l’hébergement sur des hébergements français, justement parce que l’électricité française est largement décarbonée.

Donc le dernier truc à faire, c’est aller dans un data center alimenté au charbon. Paradoxalement, ça veut dire privilégier le nucléaire, ce qui n’est pas complètement intuitif.

Et enfin, au niveau des sites web, il faut choisir des sites web éco conçus.

Dès la conception, on s’est posé la question de comment est-ce qu’on fait pour consommer le moins possible d’électricité et ne pas favoriser l’obsolescence des terminaux qui s’y connectent ?

Éviter les toutes dernières technologies qui vont pousser les utilisateurs [et les utilisatrices] à devoir racheter des terminaux.

Et au passage, dans l’éco conception, on peut évidemment penser à des sites statiques, puisque ça consomme moins de CPU, moins de puissance de calcul, que des sites dynamiques.

 

Lili [00:32:55]

On s’est demandé si un hébergement responsable, ça existe vraiment. Et selon Tristan, c’est une notion assez paradoxale.

 

Tristan [00:33:03]

La notion d’hébergeur responsable, elle est un petit peu paradoxale.

D’aucuns vous diront oui, nous, on est responsable, parce qu’on consomme de l’énergie verte.

Ce qui est un petit peu tordu dans la mesure où, en fait, ils utilisent de l’énergie qui est la même énergie que tous les autres datacenters.

Sauf que, en plus, ils achètent des certificats auprès d’entreprises qui ont des éoliennes ou du photovoltaïque. Donc ça soutient un peu plus ces entreprises et ces sources d’énergie.

Mais c’est pas une solution pour limiter les gaz à effet de serre.

Le vrai truc, c’est d’éco concevoir son site. C’est pas tant le choix de l’hébergeur qui est le plus important.

Il y a autre chose qu’on voit un peu trop souvent, c’est des entreprises qui vous disent, c’est valable pour les hébergeurs ou certains moteurs de recherche, et pire encore, des gens dans l’aéronautique, qui vous disent : « Ah oui, mais nous, on compense nos émissions de gaz à effet de serre en plantant des arbres ».

Et ça, c’est un sujet. Il faudrait faire un podcast entier. Mais globalement, à peu de choses près, c’est une arnaque.

Parce que la plupart du temps, les arbres qu’on va planter, c’est [seulement] au bout de 30 ans qu’ils commencent à vraiment absorber du CO2 et le conserver. Et ça, on n’est pas sûr que ces projets durent 30 ans.

Et en fait, il faut surtout faire des forêts. Il ne faut pas faire des plantations avec des arbres alignés, parce que sinon, ça pose des gros, gros problèmes de biodiversité.

Donc ne tombez pas dans le panneau de « venez chez nous, on va planter des arbres pour vous ». C’est au mieux du greenwashing, et trop souvent une arnaque. Une arnaque intellectuelle.

 

Sobriété éditoriale

Lili [00:34:43]

Morale de l’histoire, vérifiez bien ce qu’avance votre hébergeur. Le greenwashing est bien trop vite arrivé. Dans tous les cas, à partir du moment où vous hébergez votre site, vous polluez forcément.

L’idée maintenant, c’est de réduire cette pollution au maximum en choisissant un hébergeur plus responsable.

Vous avez par exemple Infomaniak, qui est un hébergeur plus vert que les autres. Une boite vraiment engagée avec de belles valeurs.

Maintenant que vous avez un site éco conçu et hébergé de manière à peu près responsable, il faut le remplir de contenus.

Pour cette partie, Ferréole vous embarque dans la sobriété éditoriale et la production de contenus raisonnée. Pour commencer, un peu de contexte chiffré, histoire de vous donner une idée de l’impact et de l’utilité de la production de vos contenus.

 

Ferréole [00:35:32]

Les chiffres que j’aime citer pour faire réfléchir à pourquoi cette surconsommation de données, c’est qu’en fait, il y a une étude Ahrefs qui dit que 91% de toutes les pages du web n’ont aucun trafic sur Google.

En général, le trafic d’un site est généré par seulement 20 % de son contenu.

Et du coup, quand on regarde ces chiffres, qu’on regarde la pollution numérique, on peut vraiment s’interroger sur l’utilité de produire autant de données.

 

Lili [00:35:56]

Ça vaut le coup de réfléchir à l’utilité de vos contenus, non ? C’est l’un des grands piliers de la sobriété éditoriale. Ferréole nous éclaire sur ce concept qui la passionne.

 

Ferréole [00:36:06]

C’est un vaste sujet déjà. Donc, la sobriété éditoriale, elle se positionne en déclinaison de la sobriété numérique. Moi, c’est un modèle de communication que je développe depuis quelques années déjà.

En fait, l’objectif principal, c’est respecter la charge mentale de l’internaute.

En réduisant la production de contenus qu’on fait en tant qu’entreprise, en respectant cette charge mentale de l’internaute, je réduis la pollution numérique et j’augmente l’efficacité de la communication.

Parce qu’en fait, moi, ce que je remarque souvent, pour intervenir depuis plus de quinze ans dans les entreprises, c’est que beaucoup d’entreprises font pas mal d’actions.

Puisqu’il y a une injonction en ce moment qui dit « il faut que je communique trois fois par jour sur Facebook, sur Linkedin, sur ci, [il faut que] j’envoie une newsletter tous les mois ».

Et en fait, les entreprises font des actions, mais qui sont peu suivies d’efficacité.

Donc pour moi, l’idée vraiment avec la sobriété éditoriale, c’est au départ, je réfléchis avant toute action. Je considère le sens et l’impact de ce que je vais faire au regard des objectifs que j’ai déterminés [et] au regard des ressources que j’ai en interne.

Et le pari de la sobriété, c’est qu’en réduisant la publication, la diffusion de contenu, j’ai les mêmes retours. Voir une audience plus qualifiée. C’est vraiment le moins, mais mieux.

Et du coup, en grand pilier, ça va concerner vraiment l’alignement et la sincérité de la communication.

L’idée, c’est de concevoir une communication qui soit forte, qui serve les objectifs de l’entreprise, qui soit basée sur ce qui va caractériser intimement l’entreprise, sa singularité.

Donc l’idée, c’est ne pas faire une com comme tout le monde. C’est vraiment, je fais quelque chose de singulier. Et la com permet de souligner la cohérence entre ce que dit l’entreprise et ce qu’elle fait.

Et en fait, cette notion de sincérité, elle me semble très importante à l’heure des réseaux sociaux où tout se proclame, sans incarner. Il y a une déraison, il y a un babillage incessant, il y a une espèce de bullshit généralisé.

Et les gens proclament, mais en fait, quand on creuse, on s’aperçoit qu’il n’y a pas forcément grand-chose derrière. Et entre ce que dit l’entreprise sur son site et la manière dont elle se comporte sur les réseaux, on peut voir des différences.

Par exemple, il y a des entreprises, je dirais pas de nom, mais elles clament haut et fort s’investir pour la planète. Et dans les faits, elles incitent leurs adhérents à surcommuniquer sur le web des messages peu intéressants, juste pour récolter des adhésions.

Pour moi, ça, ça montre une absence d’alignement et finalement qui vise à s’interroger sur la sincérité de ce que propose l’entreprise.

Le deuxième pilier, ça va être vraiment tout ce qui va concerner l’utilité, l’efficacité.

C’est-à-dire que, comme je disais, je vais faire une action de com si elle est utile pour moi en tant qu’entreprise et pour mon utilisateur [ou mon utilisatrice].

Et en fait, l’idée c’est que vraiment que je réponde aux besoins de l’utilisateur. L’idée aussi c’est vraiment d’avoir une réflexion dans la com, vraiment d’intéresser l’internaute. L’idée, c’est vraiment de ne pas servir l’ego de l’entreprise.

Et après, pour moi, dans ce contenu utile, il y a vraiment toute une réflexion éthique. Il s’agit vraiment d’informer avec la volonté d’élever le débat, d’accompagner à sortir des biais, de porter un discours éclairé, de ne pas manipuler.

Donc ça, c’est un deuxième pilier qui va vraiment s’ancrer par rapport au langage clair, à la clarté et la simplicité du discours. L’idée, c’est d’être vraiment dans du pratique et pas dans du blabla.

Un troisième pilier qui est hyper important, c’est tout ce qui va concerner la durabilité, l’entretien du contenu. Donc en fait, c’est piloter le cycle de vie du contenu.

Dès qu’il est créé, il est ensuite décliné sur les supports. Il est mis à jour, il est archivé, il est supprimé.

Et ça, c’est hyper important, parce que l’idée, c’est que ça ne sert à rien de garder des contenus.

Moi, je l’ai vu en accompagnant des entreprises, elles publient du contenu, elles ne mesurent pas forcément. Et après, hop elles lancent une autre campagne, sans réellement réfléchir aux enjeux de ce qui s’est fait.

Là l’idée, c’est vraiment de capitaliser, de rationaliser, de mesurer le contenu pour qu’il y ait de l’efficacité, de la performance.

Donc, en fait, il faut vraiment penser son contenu de manière durable. Et puis de veiller à une diffusion raisonnée du contenu. C’est-à-dire ne pas aller sur toutes les plateformes et avoir un rythme de diffusion qui soit raisonné.

L’idée, c’est vraiment de ne pas contribuer à la charge mentale de l’internaute et pas non plus à la surcharge de travail du communicant.

Donc ça, c’est le troisième pilier. Et maintenant, j’arrive au quatrième pilier.

Le quatrième pilier, c’est la responsabilité, l’humilité et le respect. Ça va toucher plusieurs choses.

L’humilité, c’est vraiment, se situer à la bonne place. Sans exagérer ni minorer son action. Donc l’humilité, déjà, ça va être la posture de l’organisation.

J’ai parlé de sincérité. L’organisation est au service de son utilisateur [et son utilisatrice], mais c’est également dans la communication elle-même.

En fait, il faut utiliser des supports de com. C’est des outils qui œuvrent à une mise en relation, mais il ne faut pas les substituer à des contacts en personne, à d’autres actions.

Donc il y a déjà cette première humilité. On ne va pas fantasmer sur le pouvoir des outils numériques.

Il ne faut pas oublier que faire connaître son activité, ça peut mettre un certain temps. Il y a également l’intérêt d’envisager la com dans un dispositif global.

Et puis aussi tout ce qui va concerner la responsabilité de l’entreprise, le respect de l’internaute. Ça va être vraiment de travailler dès qu’elle peut en mode éco conception et respecter la vie privée des internautes. Ça aussi, c’est super important.

 

Lili [00:41:30]

Vous n’êtes toujours pas convaincu [ou convaincue] ? Notre experte de la sobriété éditoriale vous expose les avantages de cette démarche. Et vous verrez, ils ne sont pas qu’environnementaux.

 

Ferréole [00:41:41]

Pour l’internaute, l’intérêt, ça va être qu’il [ou elle] aura un parcours utilisateur qui va être fluide.

Donc il va pouvoir trouver facilement ce qu’il cherche, comprendre ce qu’il trouve, utiliser ce qu’il trouve pour répondre à son besoin.

Donc ça veut dire que pour l’entreprise, en fait, elle va faciliter le passage à l’action de ses internautes.

Et puis surtout, elle va gagner en confiance auprès des utilisateurs [et utilisatrices], avec des contenus de qualité. Donc elle aura une meilleure image.

Ça va lui permettre aussi d’améliorer son SEO, puisqu’il y aura des contenus qui auront plus de valeur, plus de qualité.

Et puisqu’on parle de mise à jour, d’enrichissement, de suppression de contenus : l’entreprise, ça va lui permettre de prendre soin des collaborateurs [et collaboratrices] et donc, du coup, d’accroître sa performance globale, parce que les collaborateurs [et collaboratrices] seront plus à l’aise dans l’entreprise.

Ça permet aussi de réduire les coûts de production, puisque le dispositif éditorial est raisonné.

Et après, le dernier point, c’est pour le producteur [ou la productrice] de contenus. Lui, ça lui permet de rationaliser son processus de production, d’alléger sa charge de travail, donc d’assurer l’efficacité de ses actions.

Je vois des chargé·es de com qui sont complètement dépassé·es, qui ne savent plus où donner de la tête, qui passent leur temps à nourrir des réseaux. Et en fait, moi ça m’effraie pour eux.

Mais du coup, ils [et elles] ne sont plus très efficaces dans ce qu’ils font. Donc là, l’idée sera d’alléger [leur] charge de travail, d’insuffler encore plus de sens à [leur] démarche.

Et puis, du coup, ça conforte le rôle stratégique de la communication. Donc voilà, en gros, pour parler des gains de la sobriété.

 

Lili [00:43:11]

Bref, il y a un sacré paquet d’avantages à faire de la production de contenu responsable. Mais alors, à quoi est-ce qu’on reconnaît un texte sobre ?

 

Ferréole [00:43:21]

Un texte sobre, alors bien sûr, c’est les qualités de la rédaction web : clarté, densité, concision, avec une information utile, facile à trouver.

Mais au-delà du texte et du résultat, il s’agit surtout d’être dans la posture de la sobriété.

C’est-à-dire que je réfléchis avant d’agir. Et je ne communique pas par habitude ou par réflexe, mais vraiment parce que ça aura une valeur ajoutée pour moi et pour l’internaute.

Et en fait, à chaque fois, j’évalue l’utilité. J’interroge la valeur ajoutée de mes actions.

Il y a toujours trois points à regarder. Est-ce que ça va être utile ? Est-ce que ça va être efficace ? Et en termes de performance : est-ce qu’il n’y a pas une alternative plus efficace et moins gourmande ? Est-ce que c’est le seul moyen ?

Pour donner un exemple : est-ce qu’il faut mieux mettre une actu sur son site internet ou contacter directement ?

J’avais le cas d’une entreprise qui disait qu’elle avait des bureaux à louer, [info] qu’elle a mise sur son site internet. Donc en fait, peut-être qu’il vaut mieux passer trois coups de fil aux personnes qui accompagnent des porteurs [et porteuses] de projets. Et c’est sans doute plus efficace pour trouver un candidat [ou une candidate].

Ou par exemple, j’envoie un mail en interne ou je mets une affiche devant la machine à café ? Il y a vraiment toute cette réflexion à faire. Pour moi, c’est vraiment une posture, en fait.

 

Lili [00:44:29]

De même, comment est-ce qu’on peut évaluer la pertinence d’un contenu ?

 

Ferréole [00:44:34]

Je pense que ça va dépendre exactement de ce que cherchent ces publics. Donc ça demande de bien les connaître. Ça demande quelques années d’expérience.

Ce n’est pas faire un persona sur un bout de table.

Et du coup, je pense qu’après, l’idée, c’est vraiment d’aller recouper toutes les questions que peuvent poser les personnes. Aller voir les commerciaux, le SAV.

En entretien commercial, comment ça se passe ? Quelles sont les questions qui sont posées ?

Pour moi, c’est vraiment un travail réellement de fond sur cette utilité. Et puis ça se construit, ça se peaufine avec les années. Il ne faut pas oublier ça aussi.

 

Lili [00:45:06]

L’un des piliers de la sobriété éditoriale, on l’a vu, c’est capitaliser sur ces contenus existants. Mais alors, comment est-ce qu’on maintient un contenu dans le temps sans perdre sa qualité ?

 

Ferréole [00:45:18]

Alors, en fait, pour maintenir un contenu dans le temps et pour être sûr qu’ils sont intéressants, il faut vraiment réfléchir déjà dans le choix du sujet que je vais traiter.

Tu parlais de snack content. Je pense qu’il faut plutôt avoir une vision de long terme.

Et c’est vraiment remonter plutôt sur quels territoires d’expression je suis.

Mais encore une fois, on remonte à sa singularité. Donc qui je suis en tant qu’entreprise ? Qu’est-ce que j’ai à dire que les autres ne disent pas ?

De là, je peux faire émerger une vision singulière, caractéristique. Une vision qui ne m’appartient qu’à moi, que les autres n’ont pas.

Parce que ça ne sert à rien de répéter ce que disent les autres sur un sujet.

Et du coup, je vais pouvoir déjà définir des thématiques sur lesquelles je vais me positionner. Déjà, pour moi, cette vision globale est gage de durabilité.

Après, quand je rédige, quand je mets en forme mon contenu, je le fais une première fois. Bien sûr, je le relaie sur les réseaux sociaux. Moi, ce que j’ai tendance à faire, c’est le relayer sur plusieurs mois.

Et puis après, bien sûr, si je m’aperçois que ce contenu me tient à cœur et qu’il tient à cœur aussi aux internautes, qu’il a des visites, que j’étais interrogée dessus etc, eh bien, je le révise régulièrement.

Je le mets à jour, je complète avec des infos nouvelles ou avec ma vision qui s’est renouvelée. Et pareil, je continue à rédiger des posts pour orienter vers ce contenu.

 

Lili [00:46:29]

Dans la même idée, comment est-ce qu’on évalue la fin de vie d’un contenu ?

 

Ferréole [00:46:34]

Eh bien en fait, par exemple, j’ai accompagné une entreprise qui avait des articles depuis une dizaine d’années. L’entreprise, elle a été vachement avant gardiste parce que c’était dans les premières à refuser l’emballage plastique, il y a dix ou quinze ans.

Aujourd’hui, c’est plutôt commun, mais il y a dix-quinze ans, ça ne l’était pas. Elle a été une des premières à faire du vrac, à refuser les arômes dans la nourriture. Forcément, à l’époque, elle avait écrit des articles.

Là, dernièrement, on a fait la refonte du site. On s’est dit qu’on n’allait pas garder les articles, parce qu’en fait, aujourd’hui, c’est des problématiques qui sont beaucoup plus communes.

Mais par contre, on a mis une chronologie où on a situé la date de l’action. Donc on a gardé le fait, mais on a supprimé l’article.

Ça va être vraiment au cas par cas qu’on va pouvoir jauger de cette fin de vie.

Je peux donner un exemple perso. Moi j’ai commencé à faire un blog en 2013. Au début, on faisait des articles assez courts.

C’est clair que tous les premiers articles, soit je les ai fusionnés pour faire un gros article sur l’écriture web, plutôt que d’avoir plein de petits tips dans pleins de petits articles.

Ou sinon j’ai carrément supprimé certains articles, parce que j’estimais que ma pensée avait évolué depuis et qu’on n’était plus là. Mais à l’époque, ils étaient intéressants, parce que ça témoignait de questions qu’on se posait.

Ce qu’on peut reprocher, entre guillemets, à la sobriété éditoriale… C’est-à-dire que, comme l’idée c’est de publier à un rythme raisonné, quelqu’un qui voudrait se positionner rapidement sur un sujet, ça ne marcherait pas trop.

Parce qu’on va être plutôt sur un positionnement long terme. Donc en fait, l’idée, c’est plutôt de se dire « voilà, je démarre cette idée, ce contenu, je vais vraiment le traiter sur du long terme ».

Ce n’est pas quelque chose où j’essaye d’avoir de l’impact tout de suite, quelque chose de très important. Et puis après ça fait flop.

 

Lili [00:48:54]

Avec toutes ces informations, vous avez déjà de quoi réfléchir et repenser vos contenus actuels et les suivants. Si votre métier est de produire du contenu, vous rencontrez peut-être des réticences de la part de vos clients quant à la sobriété éditoriale.

Parce que oui, la sobriété, ça peut faire peur. On a donc demandé à Ferréole des arguments pour faire face aux peurs de potentiels clients.

 

Ferréole [00:49:18]

En fait, déjà la première peur, c’est la peur du moins. On se dit « si j’ai moins, j’aurais moins de visites, j’aurais moins de ventes ».

Il y a aussi la peur de se dire « comme j’ai moins, j’aurais moins de visites, ça va faire baisser mon référencement ».

Moi, l’idée, c’est de dire non. Pour moi, la sobriété éditoriale n’est pas du tout antithétique avec le référencement.

Comme je l’ai dit, si on veut se positionner rapidement sur un sujet, ça peut être sans doute plus complexe.

Mais vu qu’elle propose des contenus de fond, qui sont enrichis régulièrement, du coup, on capitalise sur le long terme avec ces contenus qui répondent au mieux à l’intention de recherche détectée.

Comme on va travailler sur l’efficacité du parcours utilisateur, la simplification de l’arborescence, on supprime les pages obsolètes.

Du coup, tout ça c’est bon pour le référencement.

Donc en fait, quand on fait des refontes de sites, qu’on écoconçoit et puis qu’on traite avec les principes de sobriété éditoriale, on a plutôt des bons retours avec des bonnes augmentations de visites, de durées de visites, etc.

Après, pareil, quand on me dit « j’aurais moins de visiteurs et moins de ventes etc », je dis [que] moi, ce que je remarque, c’est qu’en tout cas, si on se positionne sur le moyen terme, la sobriété éditoriale permet d’émerger comme un expert [ou une experte].

Alors bien sûr, on va s’adresser à une audience plus réduite. Mais néanmoins, il y aura une véritable adhésion, parce que les prospects interpellés vont être très intéressés. On parle de lead ultra qualifié.

Il y a un taux de conversion qui est supérieur aux taux classiques, avec une fidélité et un engagement.

Et puis finalement, et ce que je remarque en fait, c’est vraiment la peur de la dégradation de l’expérience.

Quand on parle de sobriété, on a l’impression que l’expérience va être moins bonne.

Alors qu’en fait, c’est une audace. Une audace d’affirmer qu’on est singulier, qu’on fait différemment ou qu’on assume de faire moins.

Et du coup, ça apporte le soulagement. Justement, on arrive à s’affranchir du toujours plus, on ne s’encombre plus du superflu, on se satisfait de ce qui est.

Il y a vraiment parfois cette peur de ne pas faire comme les autres.

Par exemple, j’ai eu ça il n’y a pas longtemps, mais ça ne sert à rien de mettre sur votre site internet des phrases qui n’ont vraiment pas de valeur ajoutée, type : « Notre équipe saura s’adapter à tous vos besoins et répondre à tous vos besoins ».

Voilà, ça, c’est typiquement des phrases qu’on oublie, qui n’ont pas d’intérêt.

Je voyais bien que ce client, il a du mal à se détacher de ça, parce qu’il a peur de ne pas faire comme les autres.

 

Lili [00:51:34]

On le comprend, on a tout intérêt à s’orienter vers la sobriété éditoriale. Ferréole vous donne des conseils pour vous inscrire dans cette démarche.

 

Ferréole [00:51:44]

Je parlerais déjà de bon sens. C’est-à-dire le sens critique. Ça veut dire la lucidité, bien sûr.

Après, ça va être aussi de l’humilité. C’est de savoir à quelle place je me situe.

Et du coup, en lien avec l’humilité, il y a l’alignement.

Parce que c’est vraiment important de se dire : est-ce que je suis en accord avec les valeurs de mon client ? Est-ce que mon client est prêt à entendre des arguments de sobriété ? Et puis moi, avec qui j’ai envie de travailler ? Quelle cause j’ai envie de servir avec ma plume ?

 

L’Accompagnement vers un numérique responsable

Lili [00:52:13]

Voilà des questions que l’on vous invite définitivement à vous poser, histoire de donner plus de sens à votre activité, surtout si vous produisez du contenu.

On a fait un grand tour des métiers de la communication web. Évidemment, il n’y a pas tout. On ne peut pas tout aborder en un épisode, et surtout, on voulait parler des métiers qui nous sont proches en tant qu’agence web.

En tout cas, ça laisse la porte ouverte à de futures enquêtes. Pour terminer cet épisode, on a cherché à comprendre comment accompagner le changement dans son entreprise ou son activité professionnelle.

Il nous a semblé essentiel d’en parler, parce que c’est souvent ce qui bloque de nombreuses entreprises à mettre en place leurs initiatives, malgré leur bonne volonté.

Pour commencer, nous avons demandé à Anne de faire le point sur les évolutions au niveau de l’engagement des entreprises pour un numérique plus vert.

 

Anne [00:53:02]

Il y a eu beaucoup de changements ces dernières années.

Après, les DSI notamment, les directeurs [ou directrices] des systèmes d’information, sont pris un peu en tenaille entre la course à l’innovation, où il faut toujours plus de numérique, il faut dématérialiser, il faut numériser à moindre coût…

Et puis maintenant, on vient leur parler de prendre en compte l’environnement et diminuer justement tout ce qu’ils ont fait ces dernières années.

Donc c’est un peu un message contradictoire qu’on leur envoie.

Ceci dit, ça a beaucoup bougé ces deux dernières années, notamment avec le COVID. On s’est rendu compte de notre dépendance au numérique.

Donc le marché a beaucoup progressé et c’est une bonne nouvelle.

Il y a de plus en plus d’entreprises qui veulent s’engager dans une démarche numérique responsable, notamment grâce aux responsables RSE des entreprises.

Dans beaucoup d’entreprises, il y a une stratégie RSE globale. Et puis une fois qu’on veut la déployer à la DSI, on ne sait pas trop comment faire.

Donc là, on vient appliquer la démarche numérique responsable.

Et puis, il y a de plus en plus quand même de DSI qui s’engagent. Déjà parce qu’ils [ou elles] ont une appétence personnelle sur l’écologie. Et du coup, ils veulent aussi mettre en adéquation leur métier avec cette envie personnelle.

Donc on voit un peu que ça bouge, à la fois côté RSE et côté DSI. Donc c’est plutôt une bonne nouvelle. Ça commence à converger dans les entreprises.

 

Lili [00:54:33]

On lui a demandé quel est le plus grand frein à la mise en marche vers un numérique responsable dans les entreprises.

 

Anne [00:54:40]

C’est comme tout. Il y a beaucoup d’inertie, notamment dans les grandes entreprises. En fait, on fait bouger un peu en sens inverse ce qui a été fait ces dernières années.

Donc ça peut parfois être difficile à vendre en interne. Et puis, il y en a encore pour qui il y a une crainte que les mesures liées à l’environnement soient des contraintes qui vont brider leur part de marché ou leurs profits.

Donc, il y a un travail à faire sur la sensibilisation des décideurs, sur l’intérêt de cette démarche numérique responsable.

Mais [celles et] ceux qui le font, en fait, sont plutôt en avance sur leurs concurrents. Au contraire, ils savent anticiper les évolutions réglementaires. Donc ceux qui vont dans cette démarche aujourd’hui sont plutôt en avance.

 

Lili [00:55:26]

Evidemment, on ne vous laisse pas avec un problème sans solution. Anne vous conseille sur les bonnes pratiques pour faire face aux différentes réticences et blocages que vous pouvez rencontrer dans votre activité professionnelle.

 

Anne [00:55:38]

Déjà, on a le recul de tous les sujets RSE qui ont été lancés depuis de nombreuses années.

Toutes les entreprises qui ont intégré la responsabilité sociétale dans leur organisation ne s’en portent pas plus mal, bien au contraire.

Les DSI sont restées jusqu’à présent un peu à l’écart dans les entreprises, mais il est temps qu’elles rejoignent le mouvement.

Donc déjà, il faut se former, il faut savoir de quoi on parle. Il faut éviter les idées reçues, éviter le greenwashing. Il faut se former.

Ensuite, il faut mesurer son empreinte environnementale, savoir d’où on part.

Et voilà, en troisième, avoir un plan d’action pour diminuer cette empreinte. Et puis agir concrètement.

 

Lili [00:56:19]

Se former, c’est aussi ce que recommande Tristan, notamment à travers les fresques du climat et du numérique.

 

Tristan [00:56:26]

En tant que professionnel·le, passer à une approche responsable du numérique, ça implique évidemment de se former.

Alors, le premier truc à faire, à mon sens, c’est faire une Fresque du Climat. C’est un exercice très peu coûteux, qui prend une demi journée, à faire en groupe. C’est passionnant. On voit l’ampleur du problème climatique.

Ensuite, faire une Fresque du Numérique, qui est une version spécifique de la fresque, mais orientée sur le numérique. C’est un exercice très intéressant.

Et enfin, quelque chose d’un peu plus long, c’est se former à l’écoconception.

Et là, ce n’est pas former juste des informaticiens [et informaticiennes], mais c’est former tout le monde, y compris les product owners etc, pour apprendre à faire un numérique qui est éco conçu.

Quand on crée un nouveau service, se demander quelles sont les fonctionnalités qui sont vraiment intéressantes pour l’utilisateur et pas celles qui sont superflues.

Parce qu’en fait, évidemment, un service le plus responsable, c’est celui qui émet le moins de gaz à effet de serre, c’est celui qui n’existe pas.

Parce qu’en fait, il n’a pas besoin d’exister et on ne l’a pas développé, parce qu’au fond, à part nous faire plaisir, il sert à rien.

 

Lili [00:57:36]

Se former, c’est très bien. Mais pour aller encore plus loin, on vous recommande de vous faire accompagner par des experts et expertes comme Anne, qui accompagne les entreprises dans leur transition vers un numérique responsable. Elle vous partage les quatre piliers de sa démarche.

 

Anne [00:57:51]

Chez Resilio, on propose plusieurs types d’accompagnement pour vraiment avoir une démarche globale.

Le premier pilier, ça va être la formation, la sensibilisation des équipes. Donc c’est indispensable pour comprendre les enjeux et les leviers d’action.

Le deuxième pilier, ça va être la mesure d’empreinte environnementale. Donc, on réalise les ACV des systèmes d’information et des services numériques. Donc, on va vraiment mesurer l’empreinte environnementale.

Et puis la troisième partie, c’est du conseil. On aide les entreprises à élaborer leur stratégie et leur feuille de route greenIT, puis à déployer le plan d’action derrière [le quatrième pilier].

 

Lili [00:58:27]

Elle finit sur deux conseils essentiels pour faciliter la transition écologique numérique des entreprises.

 

Anne [00:58:34]

Je dirais qu’il ne faut pas attendre la réglementation. Il ne faut pas attendre qu’elle nous tombe sur un coin du nez. Il faut l’anticiper.

Il faut considérer un peu la réglementation comme une voiture balai.

En fait, ceux qui étaient en avance ont défini le cadre. Et la réglementation vient remettre tout le monde dans le rang. Donc il faut vraiment anticiper cette part réglementaire qui arrive.

On a la loi REEN, la réduction de l’empreinte environnementale du numérique, qui est passée en fin d’année dernière et qui a plusieurs échéances qui vont arriver. Donc c’est vraiment important d’anticiper ça.

D’autre part, l’éco conception des services numériques, ça peut être un excellent facteur d’innovation. Puisqu’en écoconception, on va s’intéresser au juste besoin de nos usagers, nos utilisateurs [et utilisatrices].

C’est d’ailleurs très complémentaire des démarches d’accessibilité dont vous avez parlé dans votre série de podcasts précédente.

C’est un peu une démarche design aussi. On va vraiment s’intéresser aux besoins de nos utilisateurs [et utilisatrices] et donc c’est aussi source d’innovation.

 

Lili [00:59:36]

Pour finir cet épisode, on a donné la parole à Tristan. Il rappelle que les entreprises ne vont plus pouvoir échapper à leur rôle et à leur responsabilité sociétale et environnementale.

 

Tristan [00:59:46]

Pour conclure, on peut se demander comment on fait ça dans l’entreprise et pourquoi on fait ça.

Alors moi, je pense qu’aucune entreprise dans les mois ou années à venir ne pourra faire comme si elle ne s’y attendait pas, comme si elle ne savait pas, comme si elle ne faisait rien sur la problématique climatique.

Alors on a de la chance dans le numérique : on a un problème, mais on fait aussi partie de la solution.

Alors qu’il y a plein d’autres industries ou secteurs, que ce soient les transports ou l’aérien, ou le tourisme ou les énergies fossiles ou l’automobile, où effectivement, ça va être beaucoup plus compliqué.

Mais dans le numérique, on ne va pas y échapper non plus en fait.

Et ça va poser des problèmes de marque employeur aux entreprises qui ne se préoccupent pas de ces sujets-là.

Donc comment est-ce qu’on s’y prend ? Moi déjà, si j’avais une baguette magique, je ferais faire une Fresque du Climat à tout le monde en France.

Aux dirigeants [dirigeantes] politiques et économiques en premier, et aussi chacun de nous pour comprendre pourquoi le climat ça pose un problème si on s’y colle pas.

Et autant vous dire, la fresque du climat, [quand] on ressort, on a un peu la tête qui tourne, parce qu’on a pris une claque.

Et bien quand on a compris ça, on commence à s’interroger sur ce qu’on peut faire et on va voir au quotidien plein de choses à faire chez soi ou dans l’entreprise.

Chez soi, par exemple, on pourra aller sur nosgestesclimat.fr, répondre au questionnaire et calculer, simuler son empreinte carbone. Et voir ce qu’on peut faire pour la réduire. Et ça, c’est un super exercice à faire à titre personnel.

Et puis ensuite, en entreprise, il y a plein de choses qu’on peut faire mieux, autrement, ou finalement ne pas faire du tout, parce que c’est pas si utile que ça.

Et [ça] permettra de réduire l’empreinte carbone de l’entreprise et donc de conforter les collaborateurs [et collaboratrices] dans le fait qu’ils sont dans une boite qui fait ce qu’il faut pour le futur.

Et puis aussi attirer de nouveaux talents, parce qu’on voit aujourd’hui que beaucoup de jeunes refusent de s’engager dans des entreprises qui ne font pas assez pour le climat.

 

Conclusion

Conclusion

Lili [01:02:10]

L’épisode s’achève et marque la fin de cette série de podcasts. On pourrait encore parler des heures et des heures de ce sujet passionnant. Mais question sobriété et charge mentale, on va s’arrêter là.

Nous prévoyons d’écrire des articles pour approfondir certaines thématiques abordées dans cette série. En tout cas, on espère que ces épisodes vous auront été utiles et vous inspireront pour améliorer vos pratiques personnelles et professionnelles.

Que vous soyez un ou une professionnelle de la communication web, ou que vous travailliez avec des freelances ou des agences web dont c’est le métier, l’idée est vraiment de vous éclairer dans vos choix de collaboration.

De notre côté, on est en train de se former à l’éco conception web. Nous allons aussi participer aux fresques du climat et du numérique. Notre objectif, c’est d’être en mesure d’éco concevoir à 100 % nos sites web.

On vous fera le topo de nos actions à travers notre communication. D’ici-là, on vous donne rendez -vous sur notre blog et nos réseaux sociaux.

À très vite.

Merci beaucoup !

 

Marine [01:03:09]

Cette série de podcasts fait partie du projet éthique de l’agence Hippocampe.

Notre mission : rendre le Web et l’entreprise plus éthique.

Nos trois objectifs : rendre nos pratiques encore plus humaines, renforcer notre sensibilité écologique et opter pour une gouvernance transparente. Chaque trimestre, on s’intéresse donc à un objectif et une initiative qu’on veut mettre en place pour y répondre.

Retrouvez toutes nos initiatives sur notre blog E-bullitions. Un outil pour la croissance numérique éthique des entreprises.

 

 

Hippo’dcast, un podcast qui vous plonge dans nos enquêtes sur l’éthique en entreprise et sur le web.

 

Réalisé avec bienveillance par Lili et Marine de l’agence web Hippocampe, une agence en pleine transition éthique.

 

Et voilà ! 

Cet épisode marque la fin d’une série de 4 podcasts sur le numérique éocresponsable. De quoi comprendre pourquoi le web pollue et comment on peut faire pour y remédier.

Vous verrez, ce n’est pas si compliqué et tout le monde peut faire un effort à son échelle.

De notre côté, on prépare déjà le plan d’actions pour nos prochaines initiatives côté écoconception !

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