Fondements et enjeux du numérique écoresponsable

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Publié le 13 septembre 2022

Vous l'attendiez (peut-être), voici le résumé du premier épisode de notre enquête sur le numérique écoresponsable. On y aborde les impacts du numérique et les solutions à mettre en place, à tous les niveaux. Avec des bonus par rapport au podcast.

 

Dans ce résumé, on reprend le premier épisode de notre série, ainsi que des éléments abordés hors antenne avec nos intervents et intervenantes.

L’objectif, c’est vraiment de concentrer l’essentiel des informations. Pour faciliter votre prise de conscience et votre mise en action.

Parce que l’idée, c’est quand même d’agir in fine.

 

Plan du résumé : 

​​Comprendre l’impact du numérique sur le changement climatique

  1. Explication du changement climatique
  2. Impact du numérique sur la planète
  3. Le numérique, remède et poison

Le numérique responsable en réponse à la crise environnementale

  1. Définition du numérique responsable
  2. Trois dimensions interdépendantes : environnementale, sociétale et économique
  3. Ce qu’implique le numérique responsable

Topo sur la pollution numérique

  1. Définition de la pollution numérique
  2. Les sources de pollution numérique
  3. L’impact psychologique de la pollution numérique
  4. La pollution numérique en chiffres
  5. Les personnes concernées par la pollution numérique
  6. Une inégalité sociétale dans la capacité d’accès au numérique
  7. Mesurer votre empreinte carbone numérique pour la réduire

Les enjeux du numérique

  1. Cinq piliers du numérique : sobriété, éthique, ouverture, exclusivité et désirabilité
  2. Un numérique, des numériques
  3. Une double dimension sociétale et environnementale
  4. Anticiper des arbitrages inévitables

Les leviers pour construire le numérique de demain

  1. La sobriété numérique
  2. La transition écologique numérique
  3. L’obsolescence programmée
  4. Questionner les usages numériques de la société

 


Comprendre l’impact du numérique sur le changement climatique

Explication du changement climatique

Le climat évolue en permanence. La planète a toujours eu des changements de température. Sauf qu’avant, c’était stable. Aujourd’hui, cette stabilité est en danger. On assiste à un réchauffement de la température moyenne sur le globe.

Un réchauffement qui date de la révolution industrielle du XIX° siècle. Elle a eu lieu dans différents pays d’Europe et a provoqué de grands changements. Notamment dans le domaine industriel. On a commencé à utiliser la force des machines. D’abord des moteurs au charbon, puis au pétrole.

Brûler ces hydrocarbones génère beaucoup de CO2 dans l’atmosphère, ce qui entraîne l’effet de serre. La chaleur est retenue sur la planète et la réchauffe.

Le dioxyde de carbone reste à peu près une centaine d’années dans l’air avant de se désagréger. L’effet de serre dure 100 ans.

Alors, c’est un peu plus complexe que ça. Disons que 100 ans, c’est la référence temporelle généralement adoptée quand on veut comparer le Potentiel de Réchauffement Global (PRG) de différents gaz à effet de serre (GES).

Parce que tous les GES n’ont pas le même PRG. Et puis c’est quand même compliqué à mesurer.

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à voir le MOOC de l’INRIA sur le Numérique Responsable, capsule « Mesurer » de la partie 1. (Et on dit merci à Antoine Defaix pour la contribution).

 

On a mis du temps à réaliser ça…

La température moyenne du globe a augmenté de 1,1° en moyenne, par rapport à l’ère pré-industrielle (donc début 19ème siècle). Et elle va augmenter encore plus, en fonction de nos actions.

Des épisodes météorologiques extrêmes vont se produire de plus en plus souvent. Ils vont être de plus en plus intenses. Entraînant de larges migrations climatologiques.

On parle de 250 millions de réfugiés et réfugiées climatiques d’ici 2050 selon l’ONU.

Nous allons donc vivre des moments difficiles. Sauf si on reste en dessous de 2°, idéalement 1,5° (objectif des Accords de Paris de la COP21 de 2015).

Mais ça veut dire réinventer une civilisation sans hydrocarbures !

 

Impact du numérique sur la planète

Utiliser le numérique, ça veut dire :

  • Construire les équipements numériques : PC, écrans, télévisions, réseau, datacenters, serveurs (placés dans les datacenters)… Cela implique l’extraction de minerais, la fabrication des équipements et le transport (des minerais et des équipements finaux).
  • Utiliser les équipements numériques, qui consomment de l’énergie.
  • Remplacer le papier (entre autres) par d’autres matériaux comme le silicium, le métal, le plastique, etc. Cela arrive quand on numérise nos activités.

 

Numérique ne rime donc pas avec dématérialisation. Il pollue et émet des gaz à effet de serre.

 

Le cas de la France et du nucléaire

L’énergie nucléaire produit peu de gaz à effet de serre. La consommation d’énergie en France est bas carbone.

Cela n’est pas le cas dans les autres pays, comme l’Australie, les Etats-Unis, l’Allemagne, la Pologne, où l’électricité est très souvent faite sur la base de charbon ou de gaz.

 

Le numérique, remède et poison

Le numérique provoque des gaz à effet de serre, émet du CO2, et contribue au changement climatique.

Mais il peut aussi aider à réduire nos émissions de gaz à effet de serre :

  • En limitant les déplacements et en évitant ainsi les émissions de GES associées.
  • En promouvant le réemploi. Par exemple, la plateforme Back Market permet d’allonger la durée de vie des équipements. Cela amortit les émissions de GES liées à leur fabrication dans le temps.

 

Le numérique responsable en réponse à la crise environnementale

Définition du numérique responsable

Selon le gouvernement, c’est une démarche d’amélioration continue pour améliorer l’empreinte écologique et sociale du numérique.

Pour plus d’informations sur ce qu’est le numérique écoresponsable, on vous invite à regarder du côté de la DINUM.

Cela passe par :

  • La conception des services et des sites (écoconception),
    le matériel (choisir des smartphones reconditionnés, limiter le renouvellement du matériel,…),
  • Des données (produire du contenu utile, veiller à une diffusion raisonnée, éviter les mails ou les partages inutiles sur les réseaux sociaux,…),
  • La souveraineté numérique (refuser la toute-puissance des GAFAM). Notamment pour lutter contre l’obsolescence psychologique largement utilisée par les grandes firmes mondiales.

 

Trois dimensions interdépendantes : environnementale, sociétale et économique

Le numérique responsable repose sur les 3P du développement durable :

  • Planet (planète) : défis liés au réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité (sixième extinction de masse),
  • People (l’humain) : problématiques sociétales liées à l’inclusion, l’accessibilité,
  • Prosperity (prospérité) : l’entreprise doit être rentable, sinon elle n’ira pas vers le numérique responsable. On parle de profit sensé, et même de partage équitable des richesses, mais surtout pas de croissance infinie.

 

Ces trois dimensions s’influencent les unes les autres. Le numérique responsable c’est donc en quelques sortes un grand tout avec des engrenages.

Des engrenages interdépendants :

  • l’écoconception,
  • l’accessibilité,
  • l’éthique liée au RGPD,
  • la performance,
  • l’inclusion,
  • la durabilité,
  • la sobriété,
  • la sécurité,…

Chaque fois que l’on influence un engrenage, cela influence les autres.

Par exemple, si l’on rend un site accessible :

  • on améliore son impact social en le rendant plus inclusif,
  • on diminue son impact environnemental en le rendant plus léger,
  • et on booste ses performances, vu qu’il propose une meilleure expérience utilisateur.

 

Le numérique responsable prend donc en compte l’ensemble de ces problématiques. Il a un impact positif sur la planète et la société, mais aussi sur la performance économique.

 

Ce qu’implique le numérique responsable

C’est utiliser de manière raisonnée le numérique. Donc stopper cette boulimie continuelle du toujours plus vite (5G) ou du toujours plus net (l’ultra full HD, la 4K).

Revoir ses besoins, notamment sur les activités qui consomment énormément de ressources.

En effet, comment faire demain si nous n’avons plus les ressources pour fabriquer et utiliser les terminaux numériques ?

Il s’agit donc de sensibiliser la population. Notamment pour qu’elle ne nourrisse pas de fantasmes sur le tout digital. Le numérique, c’est un outil. Il aide à faire des choses, mais il faut aussi réfléchir à comment faire sans.

 

Topo sur la pollution numérique

Définition de la pollution numérique

Jusqu’à aujourd’hui, on pensait que le numérique c’était bien pour la planète. Puis on s’est rendus compte de ses impacts, à commencer par la pollution numérique. Elle ne se voit pas, mais elle est bien là.

Dans la notion de pollution numérique, il y a deux choses très différentes et qu’il faut séparer :

  • Les émissions de gaz à effet de serre : ce n’est pas de la pollution. En abondance, cela devient un puissant gaz à effet de serre qui participe au changement climatique.
  • La pollution en tant que telle, celle issue des activités humaines (usines, mines, fabrication de l’énergie électrique…) : rejets dans l’air, pollution chimique dans l’eau des rivières, pollution au charbon, gaz ou pétrole, déchets nucléaires,…

 

Les sources de pollution numérique

Selon l’analyse de Cycle de Vie (AVC) du secteur du numérique :

  • La fabrication des équipements : 80 % de l’impact total,
  • L’usage : pollution essentiellement liée à la bande passante (vidéo en ligne, pages web de plus en plus lourdes, stockage des données),
  • Le déchet : 90 % des déchets sont hors circuit. Donc en dehors des filières de recyclage et finissent dans des décharges à ciel ouvert. Provoquant aussi toute une suite de problématiques sociétales.

 

L’impact psychologique de la pollution numérique

La pollution numérique, c’est aussi :

  • De la pollution mentale, avec un trop plein de contenus à produire et à recevoir,
  • Une pollution comportementale, avec des gens accros à leurs applis et appareils, plus intéressés par le nombre de likes que par le sens et la valeur des contenus.

 

La pollution numérique en chiffres

Il y a de plus en plus de rapports et les chiffres sont plus connus.

La pollution numérique, c’est :

  • équivalent à la pollution émise par un pays ; si le numérique était un pays, il serait le 6ème plus gros pollueur.
  • 4 % des gaz à effet de serre mondiaux (soit plus que le secteur aérien : 2-3%), 7% d’ici 2025,
  • 10 % de la consommation mondiale d’électricité,
  • 6,7 % de l’empreinte carbone nationale,
  • +60% des émission de GES d’ici 2040, si on ne change pas nos comportements,
  • 53 millions de tonnes de déchets électroniques par an, soit 5000 Tour Eiffel. C’est le plus gros flux de déchets au monde et celui qui augmente le plus vite,
  • 11 équipements en moyenne par personne en France. 34 milliards d’équipements numériques dans le monde. On vous invite à faire le compte chez vous entre vos écrans, vos appareils, vos objets connectés,…
  • une émission de 460 kg de CO2 par utilisateur de l’informatique en entreprise (selon le benchmark GreenIT de 2021). Ce qui prend une part considérable du budget carbone des accords de Paris (cf encadré suivant).
  • En moyenne, 6500 kg de terres excavées par an, soit 5 voitures construites par personne par an, et 4500 litres d’eau, donc 2 packs d’eau par personne par jour, pour faire tourner le système d’information d’une entreprise.

 

Ces chiffres ne cessent d’augmenter avec la numérisation intensive de notre quotidien. Sans compter toute la partie de la population qui n’accède pas au numérique et qui va y accéder dans les années à venir.

Pour plus de chiffres en temps réel, rendez-vous sur internetlivestats.com. Vous verrez la consommation et l’usage fait d’Internet à la seconde près. Ces chiffres-là sont remis à zéro chaque jour.

Vous pouvez aussi faire un tour du côté du baromètre Green IT pour comprendre où on en est côté maturité des entreprises sur leurs pratiques numériques responsables.

 

Les personnes concernées par la pollution numérique

Tout le monde a son rôle à jouer. Comme pour l’alimentation ou le transport. D’autant plus que le numérique est ancré dans tous les secteurs.

Regarder un film en streaming sur Netflix, une vidéo sur YouTube, acheter un smartphone tous les deux ans alors que le vôtre fonctionne encore : ça pollue !

 

L’utilisateur, principal pollueur

En fait, c’est nous, en tant qu’individus, qui avons le plus d’impact sur la pollution numérique.

Pourquoi ?

L’analyse de cycle de vie du numérique se divise en trois pôles :

  • Les data center, les centres de calcul, les centres d’hébergement… Qui doivent être complètement refroidis et alimentés par des câbles, parce que ça chauffe énormément.
  • Les réseaux. Donc les câbles et infrastructures qui sortent de ces datacenters. Ce sont les câbles sous-marins, les satellites, les relais dans les villes, les bornes, les câbles de notre box…
  • Les terminaux. Donc tous les équipements type écrans, smartphones, télés, objets connectés…

Quand on fait le calcul, le plus gros impact est du côté des terminaux. Notamment au moment de leur fabrication. Cela se mesure en :

  • énergie,
  • gaz à effet de serre,
  • ressources abiotiques consommées,
  • déchets produits,
  • eau nécessaire.

Donc c’est l’utilisateur qui est responsable : nous, vous, tout le monde.

 

On les tient les engagements de la COP21 ?

En plus, on s’est engagés sur la COP21 à réduire l’empreinte environnementale de chaque pays.

L’objectif visé : moins de 2 tonnes de CO2 par personne d’ici 2050 pour rester sous la barre des 1,5°. Ces 2 tonnes prennent en compte l’alimentation, le logement, les transports… et le numérique en prend déjà ¼ !

En France, on évalue l’empreinte carbone moyenne d’une personne entre 10 et 11 tonnes de CO2 par an.

Vu les prévisions pour le secteur numérique, on va plutôt en sens inverse. Une explosion par plus de 2 ou 3 fois de nos usages actuels.

Donc on a plutôt intérêt à s’y mettre et vite ! On a 3 ans selon le GIEC.

 

Justement, en tant que consommateurs et consommatrices, on a le pouvoir de choisir. On peut choisir de refuser la surconsommation et soutenir des marques responsables, par exemple.

 

Il y a vraiment pas mal de choses qu’on peut faire, en partant du principe que le bon déchet, c’est celui qu’on ne produit pas. Ferréole LESPINASSE

 

 

 

Une inégalité sociétale dans la capacité d’accè au numérique

Tout le monde n’est pas concerné au même niveau.

Toutes les personnes n’ont pas accès au numérique. En voilà les différentes raisons :

  • Moyens financiers de s’acheter un smartphone ou un ordinateur,
  • Vivre dans une zone dite blanche, donc sans réseau,
  • Problèmes d’accessibilité numérique (ex : handicap),
  • Capacités cognitives des personnes âgées qui diminuent,
  • Illectronisme : les gens qui ne savent pas utiliser le numérique. Touche les seniors, les personnes défavorisées, mais aussi les adolescents, qui savent très bien communiquer sur les réseaux sociaux, mais qui sont incapables d’utiliser des outils numériques correctement.

 

Mesurer votre empreinte carbone numérique pour la réduire

Pour les entreprises

Il existe des solutions pour tester l’empreinte environnementale de votre site internet :

  • des outils qui font consensus au niveau écoresponsabilité : comme Website Carbone, ou encore Improved Impact !
  • des entreprises spécialisées pour calculer toute l’empreinte numérique de votre DSI (système informatique).

 

Pour les particuliers

Bien que plus difficile à calculer, il existe des outils pour prendre conscience de notre impact environnemental.

L’ADEME a fait un gros travail. Vous pouvez visiter son site internet et piocher des idées pour réduire votre impact.

Vous avez aussi nosgestesclimat.fr. Pour calculer vos émissions de gaz à effet de serre en général. Eh oui, le numérique s’inscrit dans un enjeu climatique plus global.

On vous le rappelle, l’objectif visé est de 2 tonnes d’équivalent CO2 par an. En France, la moyenne est de 11… Un vrai challenge !

 

Les enjeux du numérique

L’humanité fait face à 3 défis :

  • Le réchauffement climatique,
  • La raréfaction des ressources. On est sur une planète aux capacités limitées,
  • La sixième extinction massive des espèces. Conséquence des deux premiers défis, de la surpopulation et de notre manière de consommer.

 

Cinq piliers du numérique : sobriété, éthique, ouverture, exclusivité et désirabilité

Pour répondre à ces défis, côté numérique, voici 5 piliers capitaux.

 

1- La sobriété

Visez le juste nécessaire. Faites moins, mais mieux !

Parti pris du numérique responsable et de l’écoconception.

Au lieu du toujours plus, faire que le juste nécessaire devienne la manière de procéder.

Ecoconcevez vos services numériques. On arrive à rendre un dispositif tout aussi performant qu’un dispositif très lourd numériquement.

Il s’agit d’arrêter d’imaginer des interfaces extrêmement lourdes. Sortir de l’obésité numérique. Réduire notre consommation et nos usages numériques.

Se poser les bonnes questions avant d’agir.

Mesurer nos résultats. Évaluer nos impacts.

 

2- L’éthique

Notamment la protection et le respect des données personnelles.

Agir en alignement avec nos valeurs. Agir avec et pour les autres.

Exit les comportements qui plombent la planète et la société.

Compenser nos impacts. Même si ce n’est pas idéal. Mieux vaut régler le problème de pollution à sa source, que mettre un pansement dessus.

Et puis, le risque de greenwashing est très vite arrivé. Avant de chercher à compenser, cherchez à éviter tout ce qui peut l’être.

 

Un aéroport neutre en carbone, c’est insensé. Ferréole Lespinasse

 

 

L’ADEME fait d’ailleurs un topo sur l’utilisation de l’argument « neutre en carbone ». Vous imaginez bien, c’est à éviter dans votre communication. Surtout si vous voulez qu’elle soit responsable.

 

3 – L’exclusivité

Réserver Internet pour des usages qui ont du sens, qui sont essentiels.

Avoir une réflexion plus globale : « j’économise le numérique pour le réserver aux usages utiles ». Parce qu’aujourd’hui, on a de l’électricité en abondance, mais cela sera-t-il le cas demain ? Ce n’est pas sûr.

Compliqué vu la dépendance quasi affective que l’on entretient avec nos portables, nos applis. Personne n’est vraiment mûr pour ça.

L’idée, ce n’est pas de refuser le progrès. Mais c’est de se dire comment je l’utilise pour l’essentiel.

 

4- L’ouverture

Aller vers des solutions plus accessibles. Privilégier l’open source.

Cela veut aussi dire s’affranchir de l’hégémonie malsaine des GAFAM.

Des services pratiques… que l’on paye au prix de nos données personnelles et de notre construction intellectuelle. Vous connaissez l’adage : “si c’est gratuit, c’est toi le produit.”

Les algorithmes nous proposent des sujets en lien avec ce qui nous plaît. Donc ils contribuent à nous enfermer dans des bulles d’opinion.

 

J’aime bien, il y a cette phrase de Snowden qui dit « les hommes préfèrent le confort à l’humanité ». Je crois que c’est exactement ce qui se passe avec Google. Ferréole Lespinasse

 

 

5- Désirabilité

Rendre la sobriété désirable. Pour faire adopter le numérique responsable, il faut rendre la sobriété désirable.

Faire en sorte que ça devienne une tendance, LA tendance à suivre. Et non pas une peur, comme aujourd’hui.

 

Un numérique, des numériques

Les enjeux numériques de demain en Occident :

  • Allonger la durée de vie des équipement,
  • Réduire notre dépendance au numérique,
  • Consommer moins de numérique,
  • Acheter moins d’équipements numériques,
  • Arrêter le gaspillage tel qu’on le connaît aujourd’hui.

C’est évidemment une vision occidentale. Car le numérique des pays riches n’est pas du tout le même que dans les pays pauvres.

 

Ça ne suffit pas de parler du numérique, mais des numériques. Richard Hanna

 

 

Dans les pays riches, on surconsomme au détriment des pays pauvres.

Et même au sein d’un pays comme la France, on assiste à des inégalités (ex : fracture numérique).

 

Une double dimension sociétale et environnementale

On va même jusqu’à parler de colonisation du numérique par l’Occident.

Dans les pays occidentaux, on a tendance à se focaliser uniquement sur les problématiques environnementales. Sans se préoccuper des conséquences de nos modes de consommation.

Comme les problématiques sociétales qu’elles entraînent dans d’autres pays : conditions de travail, exploitation des mineurs, esclavagisme,…

Un autre enjeu du numérique, c’est donc de prendre en compte cette double dimension sociétale :

  • Environnementale : s’intéresser à une pratique plus efficiente du point de vue environnemental,
  • Sociale : lever le voile sur l’opacité de la chaîne d’approvisionnement.

 

Anticiper des arbitrages inévitables

On a des ressources limitées. On ne va pas pouvoir continuer à utiliser le numérique comme aujourd’hui, de manière illimitée.

On va donc forcément devoir faire des arbitrages sur nos usages à un moment donné.

La question est : est-ce qu’on les subit parce qu’on n’aura plus le choix ? Ou bien est-ce qu’on les anticipe ?

Plus nous attendons, plus nous aurons à faire face à des décisions arbitraires et injustes. Donc il faut planifier !

 

Les leviers pour construire le numérique de demain

La sobriété numérique

Sobriété vient du latin « sobrietas », qui signifie mesure, modération, tempérance.

Appliquée au numérique, c’est donc un usage raisonné des produits et des services numériques. Un usage qui correspond à de réels besoins.

L’objectif étant de réduire l’empreinte environnementale du numérique.

La sobriété numérique, c’est une expression qui a été forgée en 2008 par GreenIT.fr.

C’est une démarche qui consiste à concevoir des services numériques plus sobres et à modérer nos usages numériques quotidiens.

L’expression a été ensuite reprise par de nombreux rapports : ceux du Shift Project, du Cigref. Puis de manière plus large par la société.

Pour tendre vers la sobriété numérique, vous avez :

  • L’écoconception : en rendant les solutions numériques plus efficaces, légères et moins gourmandes,
  • Diminuer le nombre d’équipements, ainsi que son taux de renouvellement.

Bonus : en rendant vos services numériques plus légers, vous évitez qu’ils ne rament sur les ordinateurs ou les téléphones des personnes qui les consultent. Sans compter qu’elles ne les changeront pas. Donc vous diminuez leur taux de renouvellement. Tadam !

La sobriété, c’est une démarche vraiment vertueuse. Elle va bien au-delà des problématiques environnementales :

  • Niveau social :
    • Améliore l’accessibilité et l’expérience utilisateur par l’écoconception,
      limite les impacts sociétaux liés à la fabrication et à la fin de vie des équipements, en diminuant le nombre d’équipements,
    • Permet à l’économie sociale et solidaire (ESS) de se développer,
    • Réduit la fracture numérique (ex : quand on donne nos équipements),
    • Allège la charge mentale, la dépendance aux écrans.
  • Niveau économique :
    • Bon pour vos performances (SEO, différenciation concurrentielle, image de marque,…),
    • Donc bon pour vos objectifs commerciaux et la rentabilité de votre entreprise.

 

La transition écologique numérique

Il s’agit d’arbitrer nos usages du numérique. On ne va pas s’arrêter d’utiliser le numérique, parce que ça fait vraiment partie du monde d’aujourd’hui.

Aller vers la qualité, plutôt que la quantité.

Donc repenser le temps que l’on passe sur nos outils numériques, selon l’utilisation que l’on en fait.

Par exemple, le streaming, c’est ce qui pollue le plus au niveau des usages. Et ce n’est pas forcément l’activité numérique la plus nécessaire (bien que très appréciable, on sait).

Au lieu de binge watcher une série pendant deux jours, essayez de regarder 1 ou 1,5 épisodes par jour, voire tous les 2 ou 3 jours. Ça fait durer le plaisir… et le suspens !

En entreprise, vous pouvez agir côté renouvellement et optimisation de votre parc informatique. Essayez de faire durer un peu plus longtemps votre matériel, plutôt que de le renouveler tous les 2, 3, 4 ou 5 ans.

Parce qu’on l’a vu, c’est le matériel informatique et numérique qui pollue le plus.

En plus, ça réduit les coûts. Double bénéfice.

 

L’obsolescence programmée

Un sujet dont on parle de plus en plus.

Grâce notamment à la sensibilisation et aux actions des associations et associations de consommateurs.

En France, vous avez Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP).

Comment faire bouger les choses à ce niveau-là ?

  1. Faire prendre conscience de l’enjeu
    L’idée : faire comprendre ce que c’est que l’obsolescence programmée. En quoi elle se matérialise dans les appareils que l’on veut acheter. Et faire que les gens s’y intéressent.
  2. Changer les comportements d’achat
    Introduire des outils pour guider et aider les consommateurs et consommatrices à changer leur rituel d’achat. Comme les indices de réparabilité et de durabilité.
    L’idée : ajouter des critères de réparabilité dans les décisions d’achat.
    Par exemple : est-ce que j’ai la garantie d’avoir des pièces détachées pour pouvoir réparer mon smartphone dans les 5 prochaines années ?

 

La réparabilité est la clé pour accroître la durabilité du produit. Agnès Crepet

 

 

Questionner les usages numériques de la société

Pour résumer, le plus important, c’est de questionner vos usages numériques et réduire votre nombre d’équipements.

Moins d’équipements. Et des équipements qui durent plus longtemps. Et se demander pourquoi faire. Quel est votre besoin ? Quel usage allez-vous en faire ?

Que ce soit à titre personnel ou à titre professionnel.

Parce que le numérique responsable, ça concerne tout le monde.

Malgré l’effet de “mode” auquel on assiste aujourd’hui, on n’y est pas encore. On ne voit pas encore assez de passage à l’acte.

Passage à l’acte qui doit être fait de la part des gouvernements, des entreprises et des citoyens et citoyennes.

Parce que c’est en agissant de concert que cela fonctionnera vraiment.

 

Au final, ce sont les décisions relatives à nos modes de vie qui vont avoir le plus d’impact pour réduire notre empreinte environnementale.

 

Le problème est de changer nos habitudes, nos croyances, nos rêves et nos plans. Et tout ça, c’est super compliqué. Tristan Nitot

 

 

Pas impossible pour autant. C’est bien pour cela que nous menons l’enquête et que nous vous encourageons à passer à l’action à nos côtés !

Des ressources en plus :

  • Think tank The Shift Project : pas spécialiste du numérique, mais en parle beaucoup,
  • ONG Digital for the Planet : a pour objectif de rendre le numérique plus responsable (comme nous !),
  • Time for the Planet : pas spécialiste du numérique non plus, mais investit sur des projets visant à réduire l’empreinte carbonne de l’humanité. Et le numérique en fait parti. Par exemple : Leviathan Dynamics,
  • Et bien sûr l’intégralité de notre enquête sur le numérique écoresponsable !
  • Sans oublier de suivre les acteurs et actrices du numérique responsable. Comme les intervenants et intervenantes de notre enquête. Ou encore des personnes géniales comme Antoine Defaix, qui a fait tout un travail d’édition et d’enrichissement sur cet article.

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